vendredi 17 avril 2015

Un dernier regard sur l’économie réelle avant qu’elle n’implose – Partie 4

Article original de Brandon Smith, publié le 9 avril 2015 sur le site www.altmarket.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Dans les trois premiers épisodes de cette série, nous avons examiné les réalités derrière l’offre et la demande, le chômage et la dette personnelle ainsi que la dette nationale. Comme cela a été argumenté dans chaque article, avec de nombreux exemples, beaucoup d’organismes ayant pignon sur rue, sont, comment dire… des ordures absolues. Ils ne sont pas légitimes. Ils n’ont même aucun sens.

 


Les chiffres et les statistiques qui ont une certaine vérité en eux sont tellement cachés à la vue du public – et ne sont donc pas rapportés par les médias – qu’ils peuvent aussi bien être des secrets d’État. La personne moyenne n’a aucune idée de leur existence parce que ses principales sources d’information sont dominées par l’establishment. Les stars des médias mainstream et les analystes économiques sont tellement fascinés par la fausse version du monde économique qu’ils n’ont pas de point de référence quand ils sont soudainement confrontés à des faits singuliers. Certaines personnes appellent ce comportement catastrophique une boucle de rétroaction positive. C’est un trou noir universel qui est devenu le tombeau de la finance.

Maintenant que j’ai couvert les mensonges sur notre économie et que je peux les démontrer formellement, il est temps de passer aux mensonges qui sont plus difficiles à cerner. Ces mensonges ont souvent échappé à nos enquêtes passées parce que les données concrètes qui auraient pu être utilisées pour les exposer ne sont tout simplement pas à la disposition du grand public. En fait, la plupart des données ne sont même pas encore disponibles pour les représentants du gouvernement. Je parle, bien sûr, des données concrètes derrière les activités des banques centrales à travers le monde – le Fonds monétaire international, la Banque des règlements internationaux et la Réserve fédérale en particulier. Dans cet épisode, nous allons explorer l’objectif de ces mensonges, cacher la destruction imminente de notre monnaie [le dollar, NdT] – par l’appatage , par l’escroquerie et par la foi aveugle.

Dans la partie 3 de cette série, le passif américain réel a été révélé et dépasse de loin les statistiques officielles fournies par le Département du Trésor (au dessus de 200 000 milliards de dollars actuellement dus, et non pas dus dans un futur lointain où aucun de nous ne sera vivant pour s’en inquiéter). La singularité de cette dette, la plus responsable de ce problème, a été créée grâce aux programmes sociaux, comme le programme de sécurité sociale que le gouvernement utilise comme son propre fond secret personnel, pris en charge par les taxes des contribuables comme un puits sans fond, déclenchant une accumulation de dette de plus de 8 000 milliards de dollars par an.

Comment notre gouvernement (ou n’importe quel gouvernement avec une banque centrale) continue-t-il de fonctionner financièrement s’il génère beaucoup plus de dettes que ce qu’il sera jamais en mesure de rembourser à partir des recettes fiscales ? Eh bien, notre système ne fonctionne pas vraiment. Il refuse tout simplement de mourir totalement. Et il le fait au travers de la création de la monnaie fiduciaire.

Les programmes de Quantitative Easing, QE [planche à billet, NdT], qui permettent à la Réserve fédérale de créer des masses de monnaie fiduciaire sortant de nulle part pour acheter des obligations du Trésor américain (entre autres choses), étaient une acceptation flagrante par les bureaucrates et les banquiers centraux que même le gouvernement n’est pas capable de soutenir ses propres opérations sans l’aide de cette fausse monnaie.

Je vais le répéter encore une fois : les programmes de QE sont en eux-mêmes une preuve formelle de l’insolvabilité du gouvernement. Les gouvernements solvables n’ont pas besoin de monétiser leurs propres titres de créance avec une planche à billets.

Après l’audit, léger, du programme TARP, qui a révélé un système de création monétaire au-delà de 16 000 milliards de dollars (les opérations de swap masquées sont encore une action de dévalorisation même si certains experts des médias aux ordres affirment qu’ils ne sont pas de la création de dette), il y a eu peu d’informations disponibles pour le public en ce qui concerne le véritable niveau de monnaies papiers ou numériques sorties de nulle part. Nous n’avons aucune idée de la mesure dans laquelle le dollar a finalement été dévalué, et nous ne le saurons pas tant que les investisseurs et les banques étrangères n’auront pas finalisé leur découplage des États-Unis (un processus qui va probablement s’accélérer cette année).

On pourrait faire valoir, cependant, que depuis la finalisation du taper, la fin du QE3 et des programmes de renflouement par les États, notre système devrait être à niveau avec une trésorerie encore une fois pléthorique, car la manne de cash aurait du en valoir la peine. Sinon, pourquoi le taper a-t-il été mis en place à la fin ? Je dirais et je l’ai dit dans le passé que le taper a été institué non pas pour une préparation de la reprise économique, mais en prévision de l’effondrement économique. Les plans de renflouement par les QE ont cessé parce qu’ils ne servent plus aucun but dans l’étayage de la fausse économie.

Par exemple, l’inspecteur général de la Federal Housing Finance Agency (FHFA) suggère maintenant encore un autre plan de sauvetage pour les échecs socialistes de type New Deal que sont Fannie Mae et Freddie Mac, après que l’administration Obama s’est réservée le droit de prendre tous les bénéfices provenant de la tutelle commencée en 2012. C’est vrai, tout cet argent que Fannie et Freddie ont prétendument gagné pour rembourser les plans de sauvetage, n’a pas fait une once de différence, et le gouvernement fédéral en vole désormais les profits pour rembourser d’autres dettes. Dans le même temps, des entreprises comme Blackstone récoltent les avantages en achetant et enchérissant des centaines de milliers de maisons pour une bouchée de pain, les offrent en location pour soutenir artificiellement l’illusion d’une reprise des logements aux États-Unis. (Je voudrais aussi noter que Blackstone a idéalement servi de conseiller au Trésor américain tout au long des opérations de sauvetage Fannie / Freddie.)

Comme il est mentionné dans la partie 1 de cette série, les mesures de relance n’ont absolument pas réussi à inspirer un semblant de reprise de la demande des consommateurs, et la demande mondiale de biens est en train d’imploser.

Comme il est mentionné dans la partie 2, la création de vrais emplois ne s’est pas améliorée pendant toute la durée du programme TARP, de l’assouplissement quantitatif et de la politique de taux d’intérêt à 0%. En fait, il semble n’avoir réussi qu’à faire stagner le chômage à environ 23%.

Comme il est mentionné dans la partie 3, les actions de relance n’ont servi qu’à créer encore plus de dette tout en ne produisant pas de résultats tangibles autres qu’une bulle massive dans les marchés boursiers.

La pauvreté est à des niveaux records. La demande d’assistance sociale est à des niveaux records. Les salaires moyens sont en baisse, et les prix des biens essentiels (sauf le pétrole en ce moment) sont en hausse. La demande mondiale est visiblement en train de sombrer dans les mêmes eaux qu’en 2008-2009. Les marchés du logement sont devenus une farce féodale stimulée par les grands groupes financiers. Et le chômage continue de plafonner à un niveau déprimant. Pendant ce temps, les gens ne sont même plus enregistrés comme chômeurs car ils sont sans emploi depuis trop longtemps.

À ce stade, au début du printemps 2015, je pense qu’il est certain que les analystes économiques alternatifs ont eu raison depuis le début en affirmant que les mesures de relance de la banque centrale sont complètement inutiles. Bien que certains des traders les plus mielleux fassent valoir qu’ils ont triplé leurs bénéfices pendant la période de relance et que notre pessimisme ne signifie rien pour eux, dans leur naïveté, ils perdent de vue le tableau d’ensemble [sauf qu’ils ne sont pas dans ce tableau, ils sont à part, NdT]. Si vous ne spéculez pas sur l’effondrement, l’effondrement se jouera de vous.
Maintenant, il semblerait que la Réserve fédérale ait échoué à tous les niveaux de sa quête pour le sauvetage de l’économie. Mais quelles sont les conséquences de cette débâcle ? Le résultat est le déplacement de la capacité économique des États-Unis. L’économie des États-Unis a été mise hors-jeu.

La Chine a dépassé les États-Unis comme le plus grand exportateur-importateur du monde et se trouve depuis longtemps, et de loin, devant les États-Unis en termes de capacité de fabrication, faisant de la Chine le partenaire économique le plus précieux dans le monde. Selon le FMI, la Chine est maintenant supérieure aux États-Unis en termes de commerce et sera bientôt la plus grande économie de la planète.

La Chine a récemment lancé sa Banque asiatique de développement régional, une sorte de Banque asiatique mondiale. Et près de cinquante pays, y compris les alliés européens des États-Unis, se sont empressés d’y adhérer.

Les discussions sont même de plus en plus ouvertes dans les médias grand  public sur le fait que la Chine est sur le point de se découpler de l’économie américaine et, à sa suite, les nations des BRICS, pour structurer un nouveau système financier centré sur l’Asie qui attirerait les élites financières occidentales. Ceci, cependant, est une vision trop simpliste.

Nous parlons de l’économie réelle dans cette série ; et dans l’économie réelle, aucune nation avec une banque centrale ne peut échapper au Nouvel Ordre Mondial. En fait, tous les conflits entre l’Est et l’Ouest ne servent qu’à faire avancer la cause des mondialistes et socialistes fabiens.

La Chine, à elle seule, n’a pas la capacité de remplacer les États-Unis en tant que principal moteur de l’économie mondiale, ni le yuan la capacité de remplacer le dollar comme monnaie de réserve mondiale. Cependant, ce n’est pas l’objectif de la Chine. Cela n’a jamais été l’objectif de la Chine. 
Le seul but de la Chine dans son expansion budgétaire historique a été de parvenir à s’intégrer dans ce que le FMI appelle la remise à zéro de l’ économique mondiale. Une partie de cette réinitialisation est l’introduction du système de panier de monnaies mondiales du FMI, ou de droits de tirage spéciaux (DTS), en tant que mécanisme de contrôle centralisé pour toutes les monnaies du monde entier. Le FMI et la Chine n’ont cessé de militer en faveur du système des DTS  qui remplacerait le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale.

J’ai couvert ce scénario en le développant en détail dans mon article La Fin du jeu économique expliquée.

Malgré les espoirs de certains autres blogueurs que la Chine pourrait en quelque sorte briser les chaînes du monopole des banques centrales, chaque action chinoise depuis au moins 2008 est une préparation pour devenir une nation totalement esclave sous le contrôle de la politique du FMI [pas si vite…attention à la maîtrise proverbiale du temps par la Chine, NdT]. La Chine a officiellement soumis une demande pour que sa monnaie (le yuan) fasse partie du panier de monnaies des DTS. La banque centrale chinoise a ouvertement appelé le FMI à jouer un rôle dominant dans la gestion des monnaies du monde à travers le système de panier du DTS :

La crise économique mondiale montre les «vulnérabilités inhérentes et les risques systémiques dans le système monétaire international actuel», a déclaré le gouverneur Zhou Xiaochuan dans un essai publié lundi par la banque. Il a recommandé la création d’une monnaie constituée d’un panier de devises mondiales et contrôlée par le Fonds monétaire international et a déclaré qu’il aiderait «à atteindre l’objectif de préservation de la stabilité économique et financière mondiale».

La conférence du FMI sur les DTS, qui a lieu tous les cinq ans, est prête à commencer des préliminaires en mai, qui doivent durer jusqu’en octobre ou novembre. Il est largement prévu que la monnaie chinoise sera en effet incluse dans les DTS cette année, que cela va nuire à la réputation du dollar comme monnaie de réserve mondiale, et que les États-Unis auront peu de moyens pour arrêter un tel développement. Cela parce que le pouvoir de veto américain au sein du FMI est susceptible d’être supprimé, en raison d’un manque d’approbation sur les mesures de financement et les changements de politiques proposés au Congrès en 2010.

Dans de nombreux articles au cours des deux dernières années, j’ai averti que la destruction de la position des États-Unis au sein du FMI serait imputée à l’impasse politique due au refus par le Congrès de confirmer les changements de politique depuis 2010, et le poids de la faute sera placé sur les conservateurs. La semaine dernière, mes soupçons ont été renforcé par les déclarations de Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor et élitiste qui était en partie responsable de la fin du Glass-Steagall Act et de la création de la bulle des dérivés, et l’homme qui prétendait que «l’histoire approuvera massivement les QE». Summers a dénoncé la fin des États-Unis comme l’«assureur en dernier ressort du système économique mondial», déclarant également :

En grande partie à cause de la résistance de la droite, les États-Unis restent le seul pays dans le monde à ne pas avoir ratifié les réformes de la gouvernance du Fonds monétaire international que Washington a lui-même poussées en 2009. En complétant les ressources du FMI, ce changement aurait renforcé la confiance dans l'économie mondiale. Plus important encore, cela aurait rapproché le moment de donner à des pays comme la Chine et l'Inde des parts de votes au FMI en rapport avec leur nouveau poids économique... Avec la taille économique de la Chine rivalisant avec l'Amérique et les marchés émergents représentant au moins la moitié de la production mondiale, l'architecture économique mondiale doit subir un ajustement substantiel. Les pressions politiques de toutes parts aux États-Unis l'ont rendue de plus en plus dysfonctionnelle ...
L’énorme enthousiasme pour la nouvelle banque régionale de la Chine a mis les États-Unis sur la défensive, au fur et à mesure que ses alliés supposés se joignent en chœur pour appeler la Chine à rejoindre les DTS.

Le yuan deviendrait la première monnaie non entièrement convertible à rejoindre le panier des DTS. Cela signifierait, qu’il est difficile d’investir directement en yuans par rapport aux investissements en dollars. Mais c’est exactement ce que le FMI veut.

Le journal Asian Times l’a écrit plutôt crûment mais avec honnêteté:

Actuellement, les banques centrales ne peuvent pas inclure de possession de yuans dans leurs réserves de change. Toutefois, par l'inclusion dans le panier des DTS, la monnaie pourra effectivement profiter d'une porte dérobée où la convertibilité serait concernée. La conséquence, selon Citibank, serait une augmentation de la demande en yuans de la part des banques centrales et une intégration plus poussée de cette monnaie dans les flux mondiaux du marché des capitaux. Fait important, la Chine a épousé une internationalisation des monnaies de réserve loin de l'hégémonie et des dépendances au dollar américain sur les fluctuations économiques locales, sur les taux et la stabilité des changes. L'inclusion du yuan dans le panier serait un pas vers un monde des monnaies plus multilatéral. Alors que la convertibilité totale est peut-être encore loin, la capacité de la Chine à avoir une monnaie de réserve mondiale pourrait bientôt être d'actualité.
Oui, c’est vrai, l’inclusion de la Chine dans les DTS aidera le processus de marginalisation du dollar et aidera dans l’ascension des DTS en tant que mécanisme de réserve mondiale. Et comme la Chine devient une puissance en terme de monnaie dans son rôle de n°1 mondial de l’économie, la seule façon pour les banques centrales autour de la planète de bénéficier ou d’investir dans le yuan se fera par le stockage des DTS ! La demande de DTS sera intelligemment stimulée par la demande naturelle pour le yuan. C’est ainsi qu’une structure globale de change commence.

Les seuls vrais bénéficiaires de ce cycle seront le FMI et les élites qui veulent désespérément un système économique mondial totalement centralisé.

En attendant, comme le dollar perd son statut de réserve mondiale, il perd le SEUL pilier qui soutient sa valeur d’une manière à peu près stable. Comme le dollar baisse, les citoyens américains en seront réduits à des conditions économiques du niveau du deuxième monde ou même du Tiers-Monde. L’emploi et les salaires continueront à se dissoudre, tandis que le décalage entre les nantis et les démunis va continuer à croître. Dans le pire des cas, cela va entraîner un chaos total qui sera suivi d’une intervention internationale pour nous sauver de nous-mêmes. Notre monnaie sera probablement rattachée en permanence au panier des DTS, tout comme l’Argentine a été rattachée à notre dollar après son effondrement. Et le FMI possédera les États-Unis et non l’inverse, comme  l’illusion en est communément entretenue.

Comme indiqué précédemment, les actions de stimulation de la Réserve fédérale semblent avoir lamentablement échoué. Maintenant, notre nation est confrontée à une tempête. Mais je dirais que la Réserve fédérale n’a pas failli à sa mission. L’objectif de la Fed n’est pas de défendre la stabilité de l’économie américaine et le dollar ; le but de la Fed est de détruire la stabilité de l’économie américaine et le dollar. Ainsi, la Fed a réussi dans sa mission. Et je crois qu’un audit complet des politiques et des actions de la Fed prouverait ce fait sans aucun doute.

Je vais continuer à décrire la fin du jeu pour la mondialisation qui est en cours dans le prochain épisode de cette série, y compris la façon dont les banques centrales dans les pays étrangers sont de connivence entre elles et sont gérées par des entités supranationales comme le FMI et la BRI. L’implosion de l’Amérique joue un rôle très particulier. Ce n’est pas le produit de coïncidences fortuites, du destin, de la bêtise politique ou de la cupidité des entreprises. C’est un événement conçu et destiné à ouvrir la voie à un environnement économique encore plus sinistre, étape nécessaire pour établir un empire économique final avec l’objectif de tous nous asservir en permanence.


Note du traducteur


En attendant la suite des épisodes, il faut noter qu’il existe une alternative au scénario noir de Brandon, que la Chine et la Russie aient eu suffisamment peur de ce scénario et de leur propre destruction, qu’elles se contentent de l’accompagner avec, on l’espère, l’envie de le faire trébucher mollement quand la Chine aura retiré aux USA son droit de veto au FMI. Il suffit peut-être juste de ralentir la vitesse du train pour laisser le temps à la marée de descendre et montrer le vide de ce projet de mondialisation mené par les Anglo-saxons, n’oublions pas l’art immémoriale des chinois de maîtriser le temps.

Brandon Smith

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