mercredi 30 septembre 2015

Le pire est que les banquiers centraux savent exactement ce qu’ils font

Article original de Brandon Smith, publié le 23 Septembre 2015 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

 

Note du traducteur

Brandon en remet une petite louche pour bien fixer les choses sur sa vision de la Fed qui, pour lui, littéralement joue au con et se prépare à tirer le tapis. Il apporte de nouveaux arguments pour renforcer une position que d'aucuns qualifierait de complotiste. Un article récemment publié par ZeroHedge plaide pour une explication économique. Laissons le temps faire son œuvre.

Dans tous les cas, il est étonnant de voir le cloisonnement des pensées. Les articles économiques récents sont pour beaucoup ignorants du retournement de situation possible en Syrie si la Russie s'installe dans la durée sur le terrain, des risques d'implosion d'une Arabie Saoudite s'embourbant au Yémen. Et dans l'autre sens, comment scruter les actions militaires sans avoir un œil sur les indices boursiers et les risques monétaires?
 

La meilleure position pour un tyran, au moins pour consolider son pouvoir, est la tyrannie par procuration. Cela revient à dire que les tyrans les plus dangereux sont ceux que les gens ne connaissent pas : les tyrans qui se cachent derrière des épouvantails, des marionnettes et des organisations sans visage. La pire situation pour le citoyen lambda est d’avoir un faux sentiment de sécurité et de compréhension, se basant sur l’hypothèse que les tyrans n’existent pas ou que les tyrans potentiels ne sont réellement que des imbéciles avides agissant indépendamment les uns des autres.

Malheureusement, il y a beaucoup de gens aujourd’hui qui pensent naïvement que notre dynamique sociopolitique est entraînée par le chaos, la cupidité et la peur. Je suis désolé de dire que cela n’est tout simplement pas le cas, et que quiconque croit à une telle absurdité, est voué à être victimisés par les marées de l’histoire, encore et encore.

Il n’y a rien qui soit seulement dû au hasard ou à des coïncidences quant à nos systèmes politiques ou nos structures économiques. Il n’y a pas de tyrans isolés et de criminels de haut niveau qui fonctionnent uniquement sur la cupidité et l’ignorance. Et alors que le chaos existe bien, ce chaos est toujours conçu, pas accidentel. Ces situations de crises sont créées par des gens qui se réfèrent souvent entre eux comme mondialistes ou internationalistes, et leurs objectifs sont assez évidents et parfois ouvertement admis : au sommet de leur liste, il y a la centralisation complète du gouvernement et du pouvoir économique qui devra être acceptée par les gens comme préférable [au chaos, NdT]. Ils espèrent atteindre cet objectif principalement par l’exploitation des politiciens fantoches dans le monde entier ainsi que par l’utilisation des institutions bancaires intrusives comme armes de destruction financière massive.

Leur histoire stratégique est plongée dans les guerres et les catastrophes financières, mais pas parce qu’ils sont incompétents. Ils sont mauvais, pas stupides.

Par extension, peut-être le mensonge le plus dangereux en circulation aujourd’hui est-il que les banques centrales font des opérations chaotiques dirigées par des idiots intellectuels qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font. Cela n’a aucun sens. Alors que le sectarisme idéologique de l’élite et des mondialistes est ignorant et monstrueux à sa base, ces gens fonctionnent plutôt avec succès grâce à une collusion hautement organisée. Leurs principes en font des sous-hommes, mais leurs stratégies sont envahissantes et intelligentes.

C’est vrai ; il y a une organisation de malfaiteurs conspiration sur pied, et ce complot exige la destruction planifiée comme couverture et dissimulation. Les banques centrales et les banquiers privés qui sont derrière travaillent ensemble indépendamment des affiliations nationales pour atteindre certains objectifs, et ils servent tous un agenda plus grand. Si vous souhaitez en savoir plus sur les détails derrière ce qui motive les mondialistes, au moins dans le sens financier, lisez mon article Explications sur la fin du jeu économique.
Beaucoup de gens, y compris les initiés, ont beaucoup écrit sur les banques centrales et leurs véritables intentions de centraliser et de gouverner les masses par la manipulation, si ce n’est pas une domination politique directe. Je pense que Carroll Quigley, initié du Council on Foreign Relations (CFR) et mentor de Bill Clinton, présente la réalité de notre situation très clairement dans son livre Tragédie et Espoir [Voir une interview de Pierre Hillard sur cet auteur pour un autre livre, NdT] :

«Les pouvoirs du capitalisme financier avaient un autre but de grande envergure, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier dans des mains privées en mesure de dominer le système politique de chaque pays et l'économie du monde dans son ensemble. Ce système devait être contrôlé d'une manière féodale par les banques centrales du monde agissant de concert, par des accords secrets conclus lors de fréquentes réunions et conférences privées. Le sommet du système devait être la Banque des règlements internationaux à Bâle, en Suisse, une banque privée détenue et contrôlée par les banques centrales du monde entier, qui sont elles-mêmes des sociétés privées. Chaque banque centrale [...] cherche à dominer son gouvernement par sa capacité à contrôler les prêts du Trésor, à manipuler les bourses étrangères, à influer sur le niveau d'activité économique dans le pays, et à influer sur des politiciens rendus coopératifs par des récompenses économiques ultérieures dans le monde de l'entreprise".


Ce «système mondial de contrôle financier» dont parle de Quigley n’a pas encore été atteint, mais les mondialistes ont travaillé sans relâche vers un tel objectif. Le plan pour un seul système monétaire mondial et une seule autorité économique mondiale est décrit de façon plutôt flagrante dans un article publié dans The Economist, journal appartenant à la famille Rothschild, intitulé Soyez prêt pour une monnaie mondiale en 2018. Cet article a été écrit en 1988, et une grande partie du processus de mondialisation qui y est décrit est déjà bien amorcé. C’est un plan qui se déroule sur plusieurs décennies. Encore une fois, il est téméraire d’assumer que les banques centrales et les banquiers internationaux sont un tas d’abrutis style Mister Magoos qui conduisent inconsciemment notre économie vers la falaise ; ils savent exactement ce qu’ils font.

Pour être les tyrans intelligents qu’ils sont, les membres du culte des banques centrales espèrent que vous êtes trop stupide ou que vous avez l’esprit trop déformé pour saisir la notion de complot [mais peut-être pas celle d’organisation de malfaiteurs, NdT]. Ils préfèrent que vous les voyiez comme des idiots maladroits, comme des enfants qui auraient trouvé le fusil de leur père ou qui aiment jouer avec des allumettes parce que c’est dans vos suppositions et dans vos sous-estimations qu’ils trouvent leur sécurité. Si vous ne pouvez pas identifier l’ordre du jour, vous ne pouvez rien faire pour interférer avec l’ordre du jour.
J’ai constaté que la fausse notion de l’impuissance de la banque centrale est de plus en plus populaire ces derniers temps, certainement à la lumière de la récente décision de la Fed de retarder une hausse des taux d’intérêt en septembre. Avec cet événement particulier à l’esprit, nous allons explorer ce qui se passe réellement et pourquoi les banques centrales sont bien plus dangereuses et pondérées que le peu de crédit que les gens leur donnent.

L’argument que la Réserve fédérale est maintenant entre le marteau et l’enclume ne cesse d’apparaître dans les cercles de médias alternatifs dernièrement, mais je trouve que cette représentation est inexacte. Elle présume que la Réserve fédérale veut sauver l’économie américaine ou du moins veut maintenir notre statu quo comme poule aux œufs d’or. Ce n’est pas le cas. L’Amérique n’est pas une poule aux œufs d’or. En vérité, la Fed est exactement là où elle veut être ; et c’est le peuple américain qui est piégé économiquement, pas les banquiers.

Prenez, par exemple, la politique volontaire originale de la Fed pour l’arrêt des  assouplissements quantitatifs ; pourquoi la Fed n’a-t-elle pas continué cette politique? Les QE et la politique de taux d’intérêt à zéro (ZIRP) sont les deux piliers qui soutiennent les marchés boursiers américains et les obligations américaines. Personne dans les médias n’exigeait que la Fed édicte ces mesures d’arrêt. Et lorsque la Fed a introduit publiquement la potentialité de telles mesures à l’automne de 2013, personne ne croyait que cela serait suivi d’effets. Pourquoi? Parce que la suppression d’un pilier principal de support de la poule aux œufs d’or semblait incompréhensible pour eux.

En septembre de cette année 2013, je soutenais que la Fed allait en effet arrêter les QE. Et, dans mon article Is The Fed Ready To cut America’s Fiat Life Support?, je donnais mes raisons. En bref, je sentais que la Fed se préparait à l’effondrement final de notre système économique et que l’arrêt des QE agirait comme une sorte de soupape de contrôle, afin de préparer le terrain pour la prochaine étape pour aller toujours plus bas sans déstabilisation immédiate. J’ai également fait valoir que toutes les mesures de relance ont une durée d’efficacité et que pour les QE et le ZIRP, elle viendrait rapidement à expiration. Ils ne servent plus un but précis, sauf à ralentir légèrement l’effondrement de certains secteurs, de sorte que la Fed puisse les démanteler systématiquement.

J’ai reçu de nombreux courriels, certains polis, d’autres hostiles, que j’étais fou de penser que la Fed pourrait jamais en finir avec les QE. Je savais que cet arrêt serait institué parce que je suis prêt à accepter la motivation réelle des banques centrales, qui est de saper et de détruire les économies dans un laps de temps défini, et pas de les sécuriser mais de secouer le cocotier indéfiniment. À la lumière de cela, l’arrêt avait un sens. Un grand pilier est parti, et maintenant il reste seulement le ZIRP.

Après quelques réunions et des retards planifiés, la Fed a passé outre en effet et a déclenché l’arrêt du QE en décembre de cette année-là. En réponse, les marchés de l’énergie, essentiellement, ont implosé et les marchés actions sont devenus progressivement plus volatiles au cours de l’année 2014, conduisant à une baisse de près de 10% au début de l’automne, suivie par les efforts de QE étrangers et de faux appels à un QE4 par les responsables de la Fed; les banques centrales ont ralenti la crise à un rythme plus facile à gérer, tout en préparant le monde de l’investissement à l’idée de réductions de politiques de relance et de réduction du niveau de vie ; ce que certains appellent la «nouvelle normalité».

J’ai jugé que la Fed est susceptible de suivre exactement le même modèle avec le ZIRP, le retardant jusqu’à l’automne seulement pour enlever le dernier pilier en décembre.

Pour l’instant, la Fed est dépeinte comme incompétente avec les marchés se comportant de façon erratique alors que les investisseurs perdent confiance dans leurs grands prêtres. C’est exactement ce que les banquiers qui contrôlent la Fed préfèrent. Mieux vaut être perçu comme un incompétent que d’être perçu comme délibérément insidieux. Et qui sait, peut-être une catastrophe comme une attaque terroriste ou une guerre (Syrie) qui arriverait à point nommé, pourrait-elle être utilisée pour détourner complètement l’attention ailleurs que vers ces banquiers.

Étrangement, Bloomberg semble d’accord (au moins en partie) avec mon point de vue que le modèle d’arrêt sera copié pour une utilisation théâtrale d’une hausse des taux qui viendrait en décembre.

Pendant ce temps, certains responsables de la Réserve fédérale insinuent à nouveau qu’une hausse sera mis en œuvre d’ici la fin de l’année tandis que d’autres font des allusions à l’opposé.

D’autres sources dominantes indiquent aussi le contraire, comme Pimco qui fait valoir qu’il n’y aura pas de hausse de taux de la Fed avant 2016. Bien sûr, Pimco a fait une annonce similaire, si on s’en souvient, en 2013 contre toute chance de voir l’arrêt des QE. Ils ont eu tort, ou ils ont délibérément trompé les investisseurs.

Goldman Sachs a également reformulé ses prédictions en indiquant qu’une hausse de taux de la Fed ne viendra pas avant la mi-2016. Avec des preuves indiquant que Goldman Sachs détient une influence considérable sur la politique de la Fed (telles que des réunions sur les politiques privées exposées entre les responsables de la Fed et les directeurs de la banque), on peut dire que tout ce qu’ils prédisent sur une hausse des taux va finalement arriver. Toutefois, je tiens à souligner que si Goldman Sachs est en effet à la source des décisions de la politique de la Fed, alors ils sont souvent enclins à mentir à ce sujet ou à dissimuler.

Pendant le fiasco de l’arrêt du QE en 2013, Goldman Sachs a d’abord déclaré que la Fed le ferait en septembre. Ils ont perdu des milliards de dollars sur de mauvais paris de change avec ce retard de la Fed.
Ensuite, Goldman Sachs a fait valoir qu’il n’y aurait pas d’arrêt en décembre de cette année là ; et les faits leur ont donné tort (ou c’était une position hypocrite) une fois de plus.

Aujourd’hui, avec le fiasco des taux d’intérêt, Goldman Sachs a clamé que la Fed augmenterait les taux de la Fed probablement en septembre. Ils avaient tort. Maintenant, encore une fois, ils revendiquent qu’il n’y en aura pas jusqu’à l’année prochaine.

Commencerions nous à voir un modèle ici?

Comment une banque élitiste avec des connexions prouvées à l’intérieur de la Réserve Fédérale pourrait-elle se tromper si souvent sur les changements de politique de la Fed? Eh bien, perdre un milliard de dollars ici et là, ce n’est pas vraiment une très grosse affaire pour Goldman Sachs. Je crois qu’ils sont beaucoup plus intéressés à tromper les investisseurs et à maintenir le public tranquille, et sont prêts à sacrifier des profits nominaux dans le processus. Rappelez-vous, ce sont les mêmes gars qui ont floué des nations comme la Grèce avec l’achat de dérivés toxiques, alors que Goldman pariait simultanément contre!

La relation entre les banques internationales comme Goldman Sachs et les banques centrales comme la Réserve fédérale est résumée au mieux par cette autre citation de Carroll Quigley dans Tragédie et Espoir:

"Il ne doit pas être estimé que ces chefs des principales banques centrales du monde sont eux-mêmes un pouvoir indépendant de la finance mondiale. Ce n'est pas le cas. Au contraire, ils sont les techniciens et les agents des banquiers d'investissement dominants de leurs propres pays, qui les ont fait monter au firmament et seraient parfaitement capables de les jeter par terre. Les réels pouvoirs financiers du monde sont dans les mains de ces banquiers d'investissement (aussi appelés les banquiers internationaux ou marchands) qui sont restés en grande partie dans les coulisses de leurs propres banques privées. Ceci forme un système de coopération internationale et de domination nationale plus privé, plus puissant et plus secret que celui de leurs agents dans les banques centrales."

Goldman Sachs et d’autres grandes banques agissent de concert avec la Fed (ou même dictent les actions de la Fed) en conditionnant la psychologie du public autant qu’ils manipulent la finance. Tout d’abord, les mondialistes exigent la confusion. La confusion, c’est le pouvoir. Quelle meilleure façon de porter la confusion et de tromper le monde de l’investissement que de placer de mauvais paris sur les changements de politique de la Fed?

A l’approche de la fin 2015, nous allons être confrontés à encore plus de montage de messages contradictoires et de confusion de la part des médias grand public, des banques internationales et des banques centrales. Il est important de toujours se rappeler, que tout ceci est by design [conçu,NdT]. Une devise commune de l’élite est Ordo Ab Chaos, ou ne laissez jamais une bonne crise se perdre. Pensez de façon critique aux méthodes que la Fed a choisies pour aller de l’avant avec une politique de tremblement de terre cette année, politique que personne ne demandait. Qu’est-ce qu’elle a à y gagner? Et réalisez que si le véritable objectif de la Fed est l’instabilité, alors elle a beaucoup à gagner de ses actions récentes et apparemment insensées.

Brandon Smith

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