lundi 7 septembre 2015

Les mensonges que vous allez entendre comme l'effondrement économique va progresser

Article original de Brandon Smith, publié le 27 Aout 2015 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 




C’est indéniable ; les déclencheurs de l’effondrement final sont sur nous, ceux même contre lesquels les économistes alternatifs nous avaient mis en garde depuis l’implosion initiale de 2008. Dans les années suivant la catastrophe autour des produits dérivés, il n’a pas été mis fin à la propagande absurde et ridicule provenant des médias financiers, et comme la situation sur les marchés empire, la propagande ne peut qu’augmenter. Cela peut sembler contre-intuitif pour beaucoup. On pourrait penser que plus l’effondrement économique devient évident, plus les analystes alternatifs seraient vindicatifs et plus la personne moyenne serait éveillée et consciente. Pas nécessairement…

 

En fait, la machine de propagande dominante va accélérer le mouvement et les données les plus négatives seront exposées et absorbées par les marchés. Si vous connaissez votre histoire, alors vous savez que c’est une tactique classique des élites pour enchaîner le public avec de faux espoirs afin qu’ils ne se préparent pas ni ne prennent de mesures alternatives alors que le système se désagrège autour d’eux. Au début de la Grande Dépression, les mêmes stratégies ont été utilisées. Regardez, si vous avez entendu des citations pareilles à celles-ci dans les journaux grand public au cours des deux derniers mois :

  • John Maynard Keynes en 1927 : «Nous n’aurons plus de crash dans un proche avenir.»
  • HH Simmons, président de la Bourse de New York, le 12 janv 1928 : «Je ne peux pas m’empêcher de faire entendre une voix dissidente aux déclarations disant que nous vivons dans un paradis de dupes, et que la prospérité dans ce pays doit nécessairement diminuer et reculer dans le futur proche.»
  • Irving Fisher, premier économiste américain, le New York Times, le 5 sept, 1929 : «Il peut y avoir une baisse dans le cours des actions, mais rien qui ressemble à un accident.» Et le 17 sept, 1929 : «Le prix des actions a atteint ce qui ressemble à un plateau élevé permanent. Je ne pense pas qu’il y aura bientôt, si jamais elle arrive, une chute de 50 ou 60 points par rapport aux niveaux actuels, tels que les ours [les baissiers, NdT] l’ont prédit. Je pense voir le marché boursier à une valeur bien plus élevée dans quelques mois.»
  • W. McNeel, analyste de marché, tel que cité dans le New York Herald Tribune, le 30 octobre 1929 : «Il est temps d’acheter des actions. C’est le temps de rappeler les mots du vieux JP Morgan … que tout homme qui parie à la baisse sur l’Amérique va faire faillite. Dans quelques jours, on est susceptible de voir une panique baissière plutôt qu’une panique de taureau [haussière, NdT]. Beaucoup de prix bas à la suite de cette vente hystérique ne sont pas susceptibles de revenir avant de nombreuses années.»
  • Harvard Economic Society, le 10 nov, 1929 : «… une grave dépression semble improbable; [nous nous attendons à] la reprise de l’activité au printemps prochain, avec une nouvelle amélioration à l’automne.»

Voici la question – comme je l’ai toujours dit, l’effondrement économique n’est pas un événement singulier, c’est un processus. L’économie mondiale a été engagée dans un processus d’effondrement depuis 2008 et elle n’a jamais quitté cette voie. Ceux qui étaient ignorants ont pris les statistiques du gouvernement pour argent comptant et le marché haussier manipulé comme légitime, et ont refusé de reconnaître les fondamentaux. Maintenant, avec les marchés qui ont récemment subi une des plus grandes chutes libres depuis le krach de 2008-2009, ils sont les témoins de la folie de leurs hypothèses, mais cela ne signifie pas qu’ils vont les accepter ou présenter des excuses pour leurs errements. Si il y a une leçon que j’ai bien apprise depuis que je participe au Mouvement pour la Liberté, c’est qu’il ne faut jamais sous-estimer la puissance des biais à la normale.

Il y avait beaucoup de jours positifs sur les marchés au cours de la Grande Dépression, et cela a gardé en vie le faux rêve d’une reprise rapide pour un grand pourcentage de la population américaine pendant de nombreuses années. Attendez-vous à de nombreux retournements de marché pendant que l’effondrement actuel se développe, mais il faut toujours se rappeler quelle est la tendance générale qui importe beaucoup plus que tout jour ouvré, positif ou négatif (sauf si vous ouvrez à la baisse de 1 000 points comme nous l’avons fait ce lundi), et même plus important que les tendances, il y a d’abord les fondamentaux économiques.

L’establishment a fait tous les efforts possible pour cacher les fondamentaux au public par le biais de fausses déclarations sur les statistiques économiques. Cependant, les jours de la désinformation efficace du système financier arrivent à leur fin. Comme les investisseurs et le grand public commencent à absorber la réalité que l’économie mondiale est en effet confrontée à un vaste scénario de crise et connaît les nombres réels derrière les chiffres frauduleux, le seul recours des banquiers centraux et des gouvernements qu’ils contrôlent est de convaincre le public que la crise à laquelle ils assistent n’est pas vraiment une crise. Cela revient à dire que l’establishment va tenter de marginaliser les signaux d’effondrement qu’ils ne peuvent plus cacher, comme si ces signaux étaient d’une importance minime. 1

Tout comme lors de l’apparition de la Grande Dépression, les mensonges seront omniprésents plus nous nous rapprochons de la fin. Voici quelques-uns des mensonges que vous entendrez probablement pendant que l’effondrement s’accélère …

Premier mensonge : la crise a été causée par la contagion de la politique chinoise

L’hypocrisie inhérente à ce mensonge est vraiment étonnante, pour le dire à minima, considérant qu’il est désormais prononcé par les mêmes médias sacs à merde qui, il y a quelques mois seulement affirmaient que l’agitation financière et le bouleversement du marché boursier de la Chine étaient sans conséquences et aurait «peu à pas d’effet» sur les marchés occidentaux.

Je me souviens précisément de ces citations hilarantes de Barbara Rockefeller en juillet :
«S’il y quelque chose qui n’a pas beaucoup d’importance, c’est l’effondrement de la bourse chinoise – une fois de plus. La Chine peut être grande et puissante, mais elle manque d’une solide base de marché au détail et de gestionnaires de fonds expérimentés dans les variations de prix, sans parler d’une véritable déroute … »

«Les prophètes de malheur disent depuis longtemps que nous aurons une déroute boursière lorsque la Fed va finalement bouger et relever ses taux. Mais comme nous l’écrivions la semaine dernière, l’histoire ne corrobore pas la thèse, et vous ne pouvez pas vraiment compter sur l’histoire lorsque l’échantillon est limité à un ou deux points de données … »
Oui, c’est un peu gênant. Un ou deux points de données? Il y a eu de nombreuses interventions des banques centrales dans l’histoire. Quand est-ce qu’une banque centrale, ayant déjà utilisé la relance pour manipuler les marchés par le biais de l’injection monétaire et mis en place un taux d’intérêt à zéro pour alimenter le rachat d’actions par les entreprises, ou bien un gouvernement qui a monétisé sa propre dette, ont-ils effectivement réussi dans ces tentatives? Quand a-t-on jamais vu des marchés accros aux stimuli, comme un trafiquant à son héroïne, conduire un retour à la normale? Est-ce que ce genre de comportement a jamais créé autre chose que des bulles budgétaires massives, une dégradation constante de la société locale, ou des calamités pures et simples?

Soudain, selon les médias, l’économie de la Chine nous affecte. Non seulement cela, mais la Chine est à blâmer pour tous les maux de la structure économique globale interdépendante. La simple mention, par un larbin de la Réserve fédérale, que celle-ci pourrait retarder la fin des taux d’intérêt presque nuls jusqu’en septembre, faisant ainsi récemment plonger les marchés de 600 points après un bain de sang d’une semaine, signifie que la possibilité d’augmenter les taux d’intérêt ne tient aucun compte des implications plus larges pour les marchés.

La vérité est que l’accident dans les marchés mondiaux qui va sans doute se poursuivre au cours des prochains mois, en dépit des retards sur le ZIRP par la Fed, est le produit de la décomposition totale de l’infrastructure financière. À peu près chaque nation sur cette planète, chaque économie souveraine, a permis aux banques centrales et internationales d’empoisonner tous les aspects de leurs systèmes respectifs avec de la dette et de la manipulation. Ce n’est pas un problème de contagion, c’est un problème systémique pour toutes les économies à travers le monde.

L’accident de la Chine est important, non pas parce qu’il est à l’origine du crash de toutes les autres économies, mais parce que la Chine est le plus gros importateur/exportateur dans le monde et que c’est un test décisif pour la santé financière de tous les autres pays. Si la Chine échoue, c’est parce que nous ne consommons plus, et si nous ne consommons plus, alors c’est que nous devons être fauchés. L’accident de la Chine laisse présager pour nous des conditions économiques bien pires. C’est pourquoi les marchés occidentaux ont subi des pertes avec la Chine malgré les hypothèses des médias.

Deuxième mensonge : la baisse des taux de la Chine va arrêter le crash

Non, ça ne va pas suffire. La Chine a réduit ses taux à cinq reprises depuis novembre dernier et cela n’a pas suffit à endiguer le flot de l’effondrement de son marché. Je ne sais pas pourquoi quelqu’un pourrait penser qu’une nouvelle baisse des taux pourrait accomplir quoi que ce soit d’autre que peut-être un bref répit dans cette avalanche qui nous tombe dessus.

Troisième mensonge : Ce n’est pas un accident, c’est juste la fin d’un cycle de marché

C’est la non-explication la plus ignare que je pense avoir jamais entendue. Il n’y a pas de cycle de marché alors que vos marchés sont pris en charge partiellement ou totalement par une manipulation de la planche à billets. Notre marché n’est en aucune façon un marché libre. Par conséquent, il ne peut pas se comporter comme un marché libre, et donc c’est un marché rachitique sans cycles identifiables.
Les aller-retour sur les marchés jusqu’à 5%-6% à la baisse ou à la hausse (parfois les deux en une seule journée) ne font pas partie d’un cycle normal. Ils sont un signe de la volatilité cancéreuse qui vient d’une économie au bord de la catastrophe.

Les quelques dernières années ont été un bonheur apparemment sans fin sur les marchés dans lesquels un trader imbécile naviguant à vue ne pouvait pas aller mal tant qu’il achetait au plus bas et que les interventions monétaires de la Fed maintenaient le cap en remontant artificiellement les cours. Ceci n’est pas normal, même dans la prétendue nouvelle normalité. Oui, la crise actuelle des actions est le résultat inévitable des marchés manipulés, des fausses statistiques et des espoirs mal placés, mais c’est en effet un accident inévitable de cette construction artificielle. Ce n’est en aucun cas un exemple d’un cycle de marché prévisible et non inquiétant, et le fait que les traditionnelles têtes de gondoles médiatiques et les perroquets à la mode n’avaient absolument aucune idée de ce qui allait advenir n’est qu’une preuve supplémentaire de cela.

Quatrième mensonge : la Fed ne relèvera jamais ses taux

Ne comptez pas la dessus. Les déclarations publiques par des entités mondialistes comme le FMI sur la Chine, par exemple, ont fait valoir que leur crise actuelle est simplement un aspect de la nouvelle normalité ; un avenir dans lequel la croissance stagne et le niveau de vie se réduit est conforme à ce que les choses doivent être. Je pense que la Fed va utiliser le même argument pour soutenir la fin des taux d’intérêt zéro aux États-Unis, affirmant que la baisse du niveau de richesse et de vie des Américains est une vision naturelle du nouvel ordre économique mondial dans lequel nous entrons.

C’est vrai, je l’ai écrit, un jour prochain la Fed, le FMI, la BRI et d’autres vont tenter de convaincre le peuple américain que l’érosion de l’économie et la perte du statut de réserve mondiale du dollar est en fait une bonne chose. Ils affirment qu’un dollar fort est la cause de toute notre souffrance économique et qu’une perte de valeur est nécessaire. En attendant, ils vont, bien sûr, minimiser les tragédies résulteront de ce virage vers la dévaluation du dollar qui va se fracasser sur la tête de la population.

Une hausse des taux peut ne pas se produire en septembre. En fait, comme je le prévoyais dans mon dernier article, la Fed a déjà fait allusion à un report en vue de stimuler les marchés, ou du moins de ralentir le carnage actuel à un niveau plus gérable. Mais, ils vont augmenter les taux à court terme, probablement avant la fin de cette année, après quelques réunions à haute tension dans lesquelles le monde financier siègera anxieux, attendant le mot vers le haut. Pourquoi devraient-ils augmenter les taux? Certaines personnes ne semblent pas saisir le fait que le travail de la Réserve fédérale est de détruire le système économique américain, pas de le protéger. Une fois que vous comprenez cela, alors la dynamique de la banque centrale prend tout son sens.

Une hausse des taux se produit justement parce que ce qui est nécessaire est de déstabiliser davantage la psychologie du marché des États-Unis pour faire place à une grande réinitialisation économique que le FMI et Christine Lagarde appellent de leur vœux. En plus, beaucoup de gens semblent oublier que le ZIRP fonctionne toujours, la volatilité est une tendance négative de toute façon. Rappelez-vous quand tout le monde était prêt à mettre son chapeau Dow Jones 20 000, certain de la toute-puissance des relances de la banque centrale et des QE à l’infini? Ouais… clairement, c’était un rêve.

Le ZIRP est en fin de course. Il n’alimente plus les marchés comme il le faisait et les fondamentaux sont trop évidents pour être niés.

Les mondialistes de la Banque des règlements internationaux (BRI) ont ouvertement considéré au printemps l’existence de politiques de taux d’intérêt faible comme un déclencheur potentiel de crise. Leurs déclarations sont en corrélation avec la tendance de la BRI à prédire les événements terribles du marché qu’ils ont provoqués tout en déformant les raisons qui sont derrière.

Le fait est que le ZIRP a fait le travail qu’il était censé faire. Il n’y a plus de raison pour que la Fed le laisse en place.

Cinquième mensonge : soyez prêt pour le QE 4

Encore une fois, ne comptez pas sur lui. Ou à tout le moins, ne vous attendez pas qu’un QE renouvelé puisse avoir un effet durable sur le marché s’il est lancé.

Il n’y a vraiment aucun besoin de lancement d’un quatrième programme d’assouplissement quantitatif, mais attendez vous à ce que la Fed évoque sa possibilité dans les médias avec l’intention de tromper les investisseurs. Premièrement, la Fed sait que ce serait un aveu que les trois derniers QE sont un échec total, et admettre que son travail consiste à démanteler l’économie américaine, je ne pense pas qu’ils cherchent à prendre un blâme immédiat pour tout ce gâchis. Un QE4 serait d’autant plus une catastrophe que le dernier programme de relance de la BCE était en Europe, pour ne pas mentionner les dernières actions de relance par la PBOC en Chine. Je vais le dire une fois de plus: la relance avec de l’émission monétaire a une date de péremption, et cette date est arrivée dans le monde entier. Les jours ou les marchés étaient soutenus artificiellement sont comptés et ils ne reviendront plus jamais.

Je vois peu d’avantages pour la Fed de mettre un QE4 dans le tableau. Si l’objectif est de faire dérailler le dollar, l’action est déjà bien en cours et le FMI a balisé soigneusement le terrain pour pour faire entrer le yuan dans le panier de monnaie mondiale des DTS l’année prochaine, menaçant le statut de réserve mondiale du dollar. La Chine continue également de déverser des centaines de milliards de dollars en bons du Trésor américain, conduisant inévitablement à une ruée vers un lâchage des Treasuries US par les autres nations. Le dollar est une monnaie zombie en sursis, et la Fed n’aura même pas besoin d’en imprimer comme l’Allemagne de Weimar afin de la tuer.

Ultime mensonge : ce n’est pas aussi mauvais qu’il y paraît

Si, si, c’est exactement aussi mauvais qu’il y paraît, sinon pire. Lorsque le Dow Jones peut ouvrir en baisse de 1000 points un lundi et que la Chine peut perdre la totalité de ses gains de 2015 en l’espace de quelques semaines, en dépit des mesures de relance institutionnalisées ces dernières années, alors quelque chose va très mal. Cela ne peut pas être qu’un accident de parcours. Ce n’est pas une simple correction dont on a déjà touché le fond. Ceci est seulement le début de la fin.

Les marchés ne sont pas un indicateur prédictif. Les marchés ne suivent pas les fondamentaux positifs ou négatifs. Ils ne se brisent pas avant ou pendant le déclin d’une économie chancelante. Les marchés se bloquent après que l’économie est déjà plongée dans le coma. Les marchés se plantent lorsque le système n’est plus récupérable. Depuis 2008, rien dans la structure financière mondiale n’a été redressé et maintenant l’édifice de la banque centrale est incapable ou refuse (je crois que c’est les deux) de fournir les outils pour nous permettre même de prétendre qu’il peut être sauvé. Nous allons sentir passer la douleur maintenant, tout cela alors que les élites nous disent que tout est dans nos têtes.

Brandon Smith

  1. Une des armes principales de l’establishment consiste à considérer toutes les crises comme indépendantes les unes des autres, faisant ainsi croire que chacune peut-être réglée à part, masquant ainsi l’origine systémique unique de toutes les crises. NdT

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