lundi 21 septembre 2015

Les vraies raisons pour lesquelles la Fed va relever ses taux d’intérêt

Article original de Brandon Smith , publié le 16 septembre 2015 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 

 



Depuis plusieurs mois, le chœur des voix qui crient au sujet de la perspective d’une hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale a dit essentiellement la même chose – soit ils ne peuvent pas le faire, soit ils ne vont tout simplement pas le faire. C’est la même chanson que ce chœur entonnait pendant les tâtonnements initiaux d’un arrêt des QE. Compte tenu des tendances et des preuves en main, personnellement, je vais devoir prendre la même position sur la hausse des taux que celle que j’avais prise pour l’arrêt des QE. Ils peuvent le faire, et ils vont probablement le faire avant la fin de l’année.



Je suppose que nous pourrons en savoir plus après la conclusion de la réunion de la Fed prévue pour le 16 et le 17 de ce mois. Les données sur les ventes de détail d’août et les chiffres de la production industrielle sont tombés, et ils ne sont pas impressionnants, même avec le polish artificiel que ces statistiques reçoivent généralement. Cependant, je ne pense pas qu’ils auront une quelconque influence sur le théâtre des taux d’intérêt. La décision de la Fed a déjà été prise, probablement depuis des mois.

Le consensus du marché semble être dans la plus complète confusion, tant et si bien que les marchés ont retrouvé la folie selon laquelle «les mauvaises nouvelles sont des bonnes nouvelles», comme chaque fois que les actions explosent à l’annonce de toute donnée négative, ce qui pourrait suggérer que la Fed va retarder son geste. Les soi-disant experts ne peuvent pas comprendre pourquoi la Fed voudrait entretenir l’idée même d’une hausse des taux à ce stade dans le jeu. Hilarant! C’est Paul Krugman qui dit ce que je dis depuis l’année dernière quand il déclare:
«Je trouve vraiment assez mystérieux que la Fed soit aussi impatiente de relever les taux étant donné qu’ils vont se tromper d’une manière ou d’une autre, seulement nous ne savons pas laquelle. Sauf que les coûts de l’erreur dans une direction sont beaucoup plus élevés que les coûts dans l’autre.»
Oui, pourquoi la Fed semble-t-elle si pressée? Chaque trimestre depuis que les plans de sauvetage ont commencé, personne n’a demandé cette hausse des taux d’intérêt. Personne. Seulement récemment, la Banque des règlements internationaux a averti de turbulences sur les marchés en raison de la saturation à long terme des marchés, causée par les politiques d’intérêt bas. Mais c’était la BRI qui avait été la championne des taux bas et de l’argent facile depuis des années. Le FMI a averti qu’une hausse des taux US à ce moment provoquerait une crise des marché, mais le FMI a aussi critiqué les politiques de taux faibles, politiques dont il était également à l’origine et qu’il soutenait depuis des années.

Encore confus? Le monde de l’investissement semble bien l’être. En fait, l’attitude des marchés vers une hausse des taux apparaît comme une perception aiguë de la terreur, et je crois que cela a été amplement reflété par le comportement boursier mondial au cours des trois derniers mois en particulier. Avec des milliers de points positifs et négatifs fractionnés en seulement quelques séances de bourse, les indices boursiers du monde entier commencent à se comporter comme des victimes de crises, avec des secousses et des convulsions erratiques.

Cela dit, bien sûr, tous ont blâmé la supposée contagion économique de la Chine. Mais vous pouvez lire pourquoi c’est une absurdité totale dans mon article La crise économique se généralise – Qu’est-ce qui se passe ensuite?

Le vérité de situation est que la Réserve fédérale a été le principal moteur des bulles financières massives maintenant en place dans la plupart des marchés du monde, et beaucoup a été accompli grâce au ZIRP (politique de taux d’intérêt zéro). Heureusement la plupart des lecteurs ici peuvent se rappeler du prêt de dizaines de milliers de milliards de dollars de financement octroyé par la Fed, du jour au lendemain, aux banques et aux sociétés internationales qui étaient considérées en danger, au cours de l’audit après le premier TARP (Troubled Asset Relief Program – alias sauvetage). Vous savez, les milliers de milliards de prêts dont les médias ont assuré qu’ils ne contribuaient pas à la dégradation de l’image de la dette des États-Unis. Eh bien, la réalité a montré que le ZIRP et ces prêts ont en effet créé directement et indirectement des bulles de dette dans de nombreux domaines.

Le plus vital des domaines en ce moment est peut-être les dettes accumulées par les grandes banques et les sociétés qui se sont appuyées sur ces prêts au jour le jour pour faciliter des rachats massifs d’actions. C’est ce mécanisme de rachat qui a soutenu artificiellement les actions pendant des années, et chaque fois que le ZIRP ne suffisait pas, la Fed est intervenue avec un autre programme de QE (assouplissement quantitatif) pour donner un coup de pouce à certains indicateurs. Le but principal de cette stratégie visait à s’assurer que les marchés ne refléteraient pas la véritable instabilité sous-jacente de notre système économique. La Fed a gonflé les banques et les marchés non seulement aux États-Unis, mais partout dans le monde. Pourquoi? Nous y reviendrons, mais gardons à l’esprit qu’il faut du temps et une stratégie soignée pour épuiser une population et la conditionner à accepter un niveau de vie beaucoup plus bas comme une nouvelle normalité (et il faut un événement de crise soudain pour convaincre une population d’être heureuse avec ces standards abaissés face à une alternative effrayante).

Même avec des intérêts proche de zéro, les entreprises ont toujours dû utiliser un pourcentage élevé de leurs bénéfices afin de continuer cette arnaque de rachat d’actions. Nous sommes finalement arrivés à un carrefour où ces entreprises seront obligées soit d’arrêter les rachats, soit d’attendre un autre stimulus sous forme d’une perfusion encore plus large de la Fed. Une augmentation de 0,25% du taux pourrait sembler insignifiante, sauf si vous vous rendez compte que les banques et les entreprises ont des cycles, autour de la monnaie, de dizaines de milliers de milliards de dollars en ZIRP, en cash, et en actions. A ce niveau, une légère augmentation des coûts d’emprunt accumule rapidement des dettes insoutenables. Une hausse des taux va tuer tous les emprunts du jour au lendemain, elle va tuer les rachats d’actions, et donc va tuer le fantasme qu’est devenu le marché boursier d’aujourd’hui.

Voilà pourquoi autant d’analystes ne peuvent tout simplement pas comprendre pourquoi la Fed voudrait relever ses taux, et pourquoi beaucoup de gens attendent avec assurance l’introduction d’un QE4. Mais nous devons nous poser quelques questions fondamentales ici…

Encore une fois, comme Krugman s’interroge (ou fait semblant, car je crois qu’il est un élitiste initié en pleine connaissance de ce qui est sur le point d’arriver) : pourquoi la Fed semble-t-elle si désireuse de relever les taux si la conséquence évidente est un effondrement du marché? Est-il possible, c’est seulement une hypothèse, que la Fed ne veuille plus soutenir les marchés? Est-il possible que le travail de la Fed soit de détruire l’économie américaine et le dollar, plutôt que de les protéger? Est-il possible que la Fed ne soit qu’un outil utile, un kamikaze institutionnellement glorifié destiné à se faire exploser dans la zone la plus peuplée qu’elle trouvera pour provoquer le dommage maximal? Est ce que cette dynamique ne serait pas le long chemin qui expliquerait chaque décision que la Fed a prise depuis sa création sournoise en 1913?

La Fed va-t-elle relever ses taux cette semaine? Je pense toujours que la Fed pourrait nous faire la surprise d’un report jusqu’à décembre afin de donner un coup de pouce à court terme aux marchés, mais comme je lis la presse économique dominante, je constate que la nouvelle tendance indique que je peux me tromper. La tendance dont je parle a seulement été lancée au cours des derniers jours dans les médias traditionnels de propagande tels que le Financial Times et CNN, qui publient maintenant des arguments prétendant qu’une hausse des taux de la Fed est une bonne chose. Bien qu’elle puisse être une bonne chose à long terme, car il est essentiel que tout ce qui est sur-gonflé dans notre économie, retombe et revienne au réel de l’économie productive, un retour à de véritables marchés libres sans manipulation avec du ZIRP n’est pas ce dont les médias traditionnels font la promotion.

Les arguments dominants pour la hausse des taux, dans la plupart des cas, reposent sur des prédicats complètement fabriqués de reprise économique. CNN affirme :
«A un moment où l’économie américaine est remontée cahin-caha à plus de 2% de croissance et que le taux de chômage reflète presque le plein emploi, il n’y a plus beaucoup de raison pour que le taux d’intérêt directeur de la Fed reste à des niveaux historiquement bas…»
Comme je le mentionnais dans ma série écrite au début de cette année intitulée Un dernier regard sur l’économie réelle avant qu’elle n’implose, toute la croissance du produit intérieur brut (PIB) est une farce tirée principalement par les dépenses de la dette du gouvernement et l’inflation sur certaines marchandises plutôt qu’une reprise du cœur de l’économie dans la vie réelle. Les chiffres du chômage sont la plus grosse escroquerie statistique de toutes, avec plus de 93 millions d’Américains non comptabilisés comme chômeurs sur les rouleaux de PQ du bureau du Travail parce qu’ils ne sont plus admissibles aux prestations.
Depuis quelques mois, une partie des médias dominants s’est retiré la tête du cul et a effectivement commencé à poser les questions que les analystes alternatifs se posent depuis des années sur les risques potentiels de retournement des marchés et de récession (ce qui est vraiment le programme en cours d’un effondrement de type hyper stagflation) dans le sillage d’un monde sans relance monétaire stable et ouverte. Pourtant, tout à coup cette semaine certains porte-paroles de l’establishment déclament «mission accomplie» dans la bataille pour la récupération fiscale et encouragent une hausse des taux?

Ce que cela me dit est que le récit est décalé et une hausse des taux est en effet sur les rails, peut-être même cette semaine.

Il est important de noter que cette débâcle sur le bord de la falaise n’est pas seulement déclenchée par la Réserve fédérale. La plupart des banques centrales, et la Banque populaire de Chine en particulier, sont certainement la plus grosse partie du problème, mais seulement parce que la Chine travaille aux côtés des banquiers internationaux pour poursuivre son objectif de l’interdépendance économique totale et de la centralisation. La course avide de la Chine vers l’inclusion du yuan dans les DTS (droits de tirage spéciaux) et sa relation étroite avec le FMI et la BRI doivent être pris en compte si l’on veut comprendre pourquoi la crise financière en cours se développe de cette façon.

La Chine a récemment annoncé qu’elle va ouvrir ses marchés de change intérieurs aux banques centrales étrangères, ce qui garantit essentiellement l’inclusion du yuan dans les DTS, panier de monnaies mondiales du FMI d’ici au milieu de l’année prochaine. La décision du FMI de reporter l’inclusion de la Chine jusqu’en 2016 était clairement un effort calculé pour s’assurer qu’il ne recevrait aucun blâme pour l’effondrement du marché qu’il anticipe avant ; un effondrement qui permettra d’accélérer dans des proportions encore plus dangereuses l’éloignement des banques centrales du dollar comme monnaie de réserve mondiale et pétro-devise.

En préparation du changement global au détriment du dollar, la Chine a commencé à vendre ses actifs libellés en dollars à des niveaux historiques alors que les entreprises chinoises ont commencé à réduire la quantité de dollars qu’elles empruntent pour les transactions internationales. Est-ce que ces ventes sont conçues pour liquider des actifs uniquement dans le but de soutenir les marchés en difficulté en Chine? Non pas vraiment.
La Chine a planifié un découplage du dollar américain depuis au moins 2005, quand elle a introduit les Obligations Panda libellées en yuan, dont à l’époque les médias avaient ri comme devant une sorte de nouveauté. En seulement dix ans, la Chine a lentement mais sûrement répandu autour du monde des instruments libellés en yuans afin de faire de la Chine un moteur économique alternatif aux États-Unis. La Chine, en collaboration avec la BRI et le FMI, a préparé le dollar pour une dévaluation extrême et le Trésor des États-Unis a été préparé pour une faillite inévitable ; et devinez qui va venir à notre secours quand tout semblera perdu? Eh oui – le FMI et la BRI.

Est ce que la montée des taux de la Fed va rendre les obligations américaines plus sexy? Probablement pas. Après un coup de pouce initial à court terme, les instruments de la dette américaine seront de retour sur la voie de la dé-dollarisation. En fin de compte, je crois que la hausse de taux de la Fed va encourager plus de ventes par les plus grands détenteurs d’obligations qui chercheront à faire autant de profit que possible jusqu’à ce que la base de confiance dans le dollar commence à craquer. Alors que la Chine continue de vendre ses bons du Trésor et ses avoirs en dollars, il viendra un moment où d’autres investisseurs mondiaux se sentiront obligés de vendre aussi pour éviter d’être le dernier imbécile tenant la porte de sortie lorsque l’extrême dévaluation aura lieu.

La hausse des taux de la Fed est une sorte d’événement déclencheur ouvertement préparé ; il surviendra probablement avant la fin de l’année. Les principaux joueurs mondialistes au sein de la BRI et du FMI se désolidarisent autant que possible aujourd’hui de ce déclencheur, tout en avertissant d’une crise à venir, qu’ils ont contribué à créer.

La Fed semble être un appendice sacrificiel à ce stade, un martyr pour la cause de la mondialisation et de la centralisation. Faire tomber les États-Unis et le dollar, ou au moins fortement abaisser les États-Unis jusqu’à en faire un État du tiers monde, a le potentiel pour bénéficier grandement aux socialistes fabiens au sommet de la pyramide. Une telle crise rend l’idée de la centralisation et de l’administration économique mondiale encore plus attrayante.

Avec un système interdépendant complexe et sujet aux catastrophes, provoquant des troubles sociaux et le chaos, pourquoi ne pas simplifier le tout avec une monnaie mondiale et peut-être même une gouvernance globale? Les élites vont forcer l’effondrement au maximum si elles le peuvent, et un relèvement des taux de la Fed peut être exactement ce dont ils ont besoin pour commencer la descente finale.

Brandon Smith

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