dimanche 28 février 2016

Revoir le prix de la réalité

Article original de James Howard Kunstler, publié le 15 Février 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Il semble que le remplaçant de M. Obama à partir du 20 janvier 2017 présidera dans des conditions de désordre jamais vues auparavant, dans la vie quotidienne aussi bien que dans l’économie. Pour la classe prétendument pensante de l’Amérique, la fin de la politique où la réalité est en option viendra comme la surprise de leur vie.



Où l’hypothétique classe pensante était-elle, d’ailleurs, ces huit dernières années? Ne les cherchez pas dans ce que l’on appelle les journaux. Le New York Times tient maintenant la réalité dans une telle aversion que les éditeurs ont échangé leurs stylos bleus contre des tenues de pom-pom girls de la Réserve fédérale depuis l’incident de Lehman Brothers en 2008. Chaque organe de presse a suivi la cadence: la reprise continue ! C’est l’argument central pour la promotion de l’actif déprécié connu sous le nom de Hillary.

Ne cherchez pas la classe pensante dans les universités. Ils ont renoncé à leurs devoirs traditionnels pour une nouvelle campagne de persécution hybride qui utilise à parts égales Mao Zedong, les sorcières de Loudon et l’asile de Charenton. Par exemple, le président de Princeton, M. Eisgruber, a été confronté à une liste de demandes qui incluait
  • l’effacement du nom de l’ancien ségrégationniste Woodrow Wilson sur le campus
  • la création d’un nouveau centre étudiant réservé aux noirs (c’est-à-dire ségrégation)
Il n’a pas cillé.

Remarque: Personne dans les médias ne l’a interrogé sur cette apparente contradiction. Voilà comment cela se passe de nos jours.

Ne cherchez pas la classe pensante dans les affaires. Les grands dirigeants sont cernés par des gens toujours occupés au rachat d’actions de leurs propres entreprises à des prix extravagants avec de l’argent emprunté.

Pourquoi ? Pour augmenter artificiellement le prix de l’action et donc leurs salaires et leurs primes. Est-ce que cela à quelque chose à voir avec la santé de l’entreprise ? Non. En fait, c’est le signe d’un échec futur plus que probable.

Pourquoi n’y a-t-il pas de gouvernance de leur fol comportement? Parce qu’ils ont également acheté et payé pour des conseils d’administration composés d’une classe tournante de compères prétoriens, avec de nouvelles recrues entrant en scène chaque semaine grâce au pantouflage légendaire entre les entreprises et les organismes de réglementation gouvernementaux.

Oh, et puis il y a le gouvernement. Toute personne qui consulte les concours de vantardise-et-diffamation que le réseau de télévision par câble appelle des débats, sait que ces spectacles sont basés sur le contraire de la pensée. Ils ne proposent pas seulement la réalité en option, ils sont aussi la pensée en option. Par conséquent, il semble pour l’instant que l’Amérique s’apprête à élire soit un tueur primal soit un arnaqueur rodé pour présider à l’effondrement épique de notre mode de vie si fatigué.

Le récent carnage sur les marchés boursiers trouve probablement ses racines dans le hiatus du Jour du Président. Les marchés font des bonds dans d’autres parties du monde aujourd’hui, le triomphe de l’espoir sur toutes les preuves disponibles que quelque chose de fatal est arrivé dans l’économie mondiale supposément permanente d’après Tom Friedman. Certains observateurs soupçonnent que cela a quelque chose à voir avec le prix du pétrole, parce que le marché à terme du pétrole et les indices boursiers semblent monter et descendre en tandem. Mais ils n’ont pas de certitudes.

Est-ce si difficile à comprendre ?
  • Quelque chose de défavorable se passe pour les compagnies pétrolières quand le baril coûte 70$ le baril à extraire du sol, puis que le prix de vente passe à 30$ le baril.
  • L’ensemble de l’infrastructure de la civilisation techno-industrielle a été conçue pour fonctionner avec un baril sous les 30$ et elle s’effondre lorsque le prix est plus élevé
C’est comme ça. Voilà votre réalité fondamentale.

Nous avons essayé de contourner ce problème épineux, la manifestation non linéaire de la situation prétendument révolue appelée pic pétrolier, depuis le début de ce siècle. Principalement, nous l’avons contourné en empruntant de l’argent qui n’existait pas. Après avoir créé cette masse d’argent emprunté, nous avons également créé une attente en obligations du marché qui doit être remboursée. En fait, le processus de remboursement des sommes dues est la seule chose qui favorise la confiance dans un système dont la confiance est la clé de voûte – même si cette attente était irréelle dès le départ. Quand elle est violée, des choses terribles se produisent sur les marchés et les économies.

Ces choses terribles sont en cours. Nous allons être une soi-disant république très affligée et pauvre lorsque cette année en aura fini avec nous. Les marchés vont se fissurer et les relations commerciales qui composent la mondialisation vont se désagréger en tant que nations et régions au sein de ces nations, luttant pour survivre. Nous allons avancer inexorablement vers une élection très probablement désastreuse. Nous ferons face aux choix fondamentaux que les sociétés en difficulté font toujours, paniquer et agir sans réfléchir (généralement sous la forme de la guerre), ou en optant pour un retour à la réalité et ses mandats impératifs. Jusqu’à présent, il ne semble pas que l’on se dirige vers la meilleure option.

Si vous êtes une personne pensante, les mois à venir pourraient être votre dernière chance de protéger les quelques richesses que vous avez et vous déplacer vers un coin où, au moins, vous pouvez faire pousser une partie de votre propre nourriture et devenir une partie utile d’un réseau social et économique que l’on pourrait appeler une communauté.

James Howard Kunstler.
 

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