lundi 7 mars 2016

Complètement à l’ouest… ils sont fous ces ricains !

Article original de James Howard Kunstler, publié le 29 Février 2016 sur le site Kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
 
http://www.delawareliberal.net/wp-content/uploads/2013/11/MWP.jpg

La riposte débile d’Hillary au slogan stupide de Trump, «Redonner sa grandeur à l’Amérique !», a été «… l’Amérique n’a jamais cessé d’être grande». Je suppose qu’elle a voyagé autour des friches de centres commerciaux en Caroline sans remarquer le carnage qui s’étale sur cette terre comme une mortelle tuberculose. L’Amérique est en train de se suicider en faisant de mauvais choix, depuis des décennies.


Nous avons récupéré les gains collatéraux de la Seconde Guerre mondiale et nous les avons déversés dans un étalement péri-urbain tellement déprimant que nos citoyens sont les personnes les plus sur-médicamentées au monde. Cela seul pourrait aider à expliquer comment Hillary et Trump avancent pesamment vers leurs nominations respectives. Les gens qui les applaudissent, canalisés sur les parkings de Piggly Wiggly, sont tellement assommés d’anxiolytiques qu’ils ne peuvent pas comprendre, derrière leur désespoir masqué par cette pharmacopée, à quel point ces deux célébrités odieuses incarnent les mêmes forces.

Une nation sombrant dans une telle fausseté est sûre de souffrir d’un retour de bâton mettant sa vie en danger et il semble que la première chose à faire sera d’en finir avec les partis politiques. Les démocrates et les républicains sont allés au bout de leur processus de parti Whig [ridiculisés, NdT], chevauchant lors de l’élection 2016 sur la barge des ordures de l’histoire. Hillary jubilait après la primaire de Caroline du Sud de la semaine dernière, où elle a bourré son sac d’entremetteuse avec des votes noirs récoltés sur des fausses promesses de redémarrage des combats pour les droits civiques. Il était pénible de voir ce sourire sortez-moi-de-là tendu sur son visage alors qu’elle faisait son dernier selfie en pensant anxieusement à l’épreuve du Super-mardi.

Je ne me soucie pas du nombre de victoires que Trump va engranger dans ces primaires, les leaders du parti républicain ne le soutiendront pas lors de la convention. Ils vont casser le parti en factions belligérantes avant de lui laisser brandir la bannière de Lincoln et du Gipper. Attention : les plans sont déjà en place pour pousser Trump dans le fossé, pour le faire dérailler avec quelques scandales facilement excavés d’une vie consacrée à graisser des pattes et à jouer à la balle avec l’industrie de la construction à New York, dans le New-Jersey ou le Nevada. A défaut, ils le laisseront avec la coque éventrée de l’appareil du parti et avec un bon crochet, ils sortiront un autre gars du chapeau pour le représenter à l’élection, bien financé sous une bannière légèrement modifiée : Paul Ryan, Bloomberg, Romney, peut-être même Kasich. Les frères Koch vont organiser la question financière. A défaut, il y a toujours la magie mystérieuse de l’État profond pour gagner des amis et influencer l’histoire.

Cela ne veut pas dire que je me mets du côté de l’ancien establishment républicain, je dis seulement qu’ils sont de plus en plus désespérés, au point de vouloir faire dérailler ce monstre qu’ils ont eux-même créé, et iront jusqu’à un suicide institutionnel pour le faire. Il faudra plus qu’un autre cycle d’élection pour que, par miracle, le centre droit du spectre politique américain puisse se réincarner en quelque chose qui ressemble à un parti.

Ou peut-être est-ce cela le véritable moment de vérité de l’Amérique impériale, quand tous les partis politiques se soumettent au ressac des événements annonçant un tsunami. Aucun des abrutis de commentateurs des médias, du Washington Post au New-York Times ne semble remarquer que l’économie mondiale est en train de sombrer dans le coma, et ce faisant, laisse derrière elle des bombes à fragmentation sous forme de défauts dans le système financier. Cette destruction, insidieuse jusqu’à présent, devrait apparaître au grand jour exactement au moment des conventions de nomination. La marée sera largement visible lorsque Hillary montera sur le podium, comme une mauvaise blague, en maman nationale et que Trump sera assis dans sa chambre d’hôtel de Cleveland, se demandant comment ses rêves rococo de gloire se sont transformés en un sandwich merdique du room-service.

La mousse de ce vortex en formation est sur nous. La plus grande surprise de toutes est encore à venir et la télévision ne parviendra pas à l’expliquer. Cette réapparition de dernière minute ne sera pas celle de la célébrité connue sous le nom de Jésus-Christ, mais plutôt celle d’un événement appelé la Guerre de Sécession.

James Howard Kunstler

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