jeudi 7 juillet 2016

Satanés emails

Article original de James Howard Kunstler, publié le 4 juillet 2016 sur le site kunstler.com 
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Le puissant Shakespeare dans ses pires sueurs nocturnes n’aurait jamais pu évoquer tous les angles vifs et les coins sombres de la famille Clinton, mais nous pouvons essayer de reconstituer la scène de la semaine dernière dans l’avion de Loretta Lynch sur le tarmac de l’aéroport de Phoenix. Bill Clinton, l’ancien président, s’est invité à bord :

Loretta: – Putain qu’est ce que tu fais ici ?

Bill: – Je venais vous raconter ce que Charlotte a fait la semaine dernière.

Loretta: – Putain qui est cette Charlotte ?

Bill: – Notre petite fille. Et elle gagne déjà son pognon.

Loretta: – Nous ne pouvons pas nous rencontrer comme ça. Nous sommes sur le point de mettre
votre femme en examen.

Bill: – Charlotte a prononcé un discours devant les huiles de Citibank.

Loretta: – J’en ai rien à foutre. Descendez de mon avion tout de suite !

Bill: – Eh bien, je ne sais pas si «parler» est le mot juste. Elle gazouille plutôt.

Loretta: – Je suppose que vous ne m’entendez pas.

Bill: – Elle s’est fait dans les cinquante mille dollars pour cela. Bien sûr, tout va pour la fondation. Eh bien, au revoir.

Bill quitte avion.



J’ai une théorie au sujet de la dynamique de la famille Clinton. Bill ne veut pas qu’Hillary gagne parce qu’il ne veut pas revivre à la Maison Blanche. Pour sûr, il ne veut pas vivre avec The Flying Reptile, mais il ne veut surtout pas être exposé dans ce bocal à poisson où les gens peuvent voir ce que vous faites 24/7. D’une part, L’Energizer ne peut pas aller et venir discrètement. Mais ensuite, il ne veut certainement pas devenir le «Premier mari» ou le «First Gentleman» (titre à déterminer…) dont le rôle serait de décider quel tissu il doit choisir pour remplacer les draperies de la chambre Est. Donc, c’est certain, Bill a décidé d’arranger les choses avec cette innocente visite dans l’avion de l’Avocat général du gouvernement US pour parler de petits-enfants.

Cela semble fonctionner. Si Loretta Lynch avait imaginé qu’elle pourrait simplement regarder ailleurs au sujet de l’enquête sur les e-mails d’Hillary jusqu’à l’élection de novembre, cette idée s’est évaporée la semaine dernière. Cette visite a également mis le directeur du FBI sur un siège éjectable parce que maintenant, il devra soit faire un renvoi aux procureurs du ministère de la Justice, soit il va se retrouver au milieu du champ de bataille d’une campagne présidentielle. Si vous pensiez que le Watergate était une pêche mûre, celui-ci commence à ressembler à un durian puant (Durio zibethinus).

Tant le New York Times que le Washington Post tournent autour du pot avec le scandale des e-mails d’Hillary en étant aux limites du possible sur les protocoles de sécurité, ce qui revient à dire qu’ils insistent délibérément sur cette question comme une ruse pour détourner le lectorat de la question plus profonde : à savoir, le fait qu’Hillary ait utilisé son bureau de secrétaire d’État pour siphonner de l’argent de sources étrangères dans sa fondation familiale. Cela y ressemble beaucoup si vous faites correspondre les contributions des pays étrangers à ceux pour lesquels elle a approuvé les ventes d’armes dans le cadre de ses fonctions officielles. Dans tous les cas, quelle que soit la connexion qu’il pourrait y avoir entre ces transactions d’armes et les revenus de la fondation, n’est-ce pas un conflit d’intérêt évident (avec la responsabilité juridique) qu’un secrétaire d’État fasse des affaires personnelles avec les gouvernements étrangers ?

Cette question gonfle comme un abcès prêt à éclater, tout comme l’honorable (vraiment ?) Debbie Wasserman Schultz qui tient le marteau pour ouvrir la Convention nationale démocrate à Philadelphie. Pendant ce temps, les troupes de Bernie seront prêtes à secouer le cocotier à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la convention, avec peut-être quelques escarmouches de diversion par les cadres de l’association communautaire Black Lives Matter. Ajoutez-y un autre massacre terroriste de type Loup solitaire, par exemple, dans un fast-food de cheeseburger et vous pouvez dire adieu au Parti démocrate.
Notez que cette convergence de mauvais karma aura lieu dans le contexte de la détérioration des événements sur la scène bancaire. Les banques européennes, en particulier, sont en train de fondre à vue d’œil tandis que les fonctionnaires de l’Union européenne se tordent les mains en prières. Vous pouvez parier que ça va affecter toutes les banques mondiales au vu de leur imbrication comme contreparties les unes des autres. Quelque part dans une chambre souterraine sombre, le chaudron bouillant des instruments financiers dérivés est prêt à exploser.

Bon anniversaire à tous pour le Jour de l’Indépendance ! Qui a besoin d’extraterrestres quand nous avons Hillary et Trump ?

James Howard Kunstler


 
Note du traducteur

Je profite de ce petit texte de Kunstler, commentateur émérite de la vie politique américaine et grand pourfendeur de Donald et Killary, pour aborder par la bande les détails de cette élection trépidante pour les présenter dans une perspective géopolitique plus large. Vous pouvez commencer par lire la note de Dedefensa sur le sujet, qui s'attarde sur les conséquences américaines. Il y a aussi l'éventualité d'une publication sur Wikileaks. Nous gardons un œil sur ces conséquences mondiales. Cet email-gate pourrait couler la candidature Clinton et donc offrir le job à Trump, d'autant plus si elle traîne en longueur jusqu'en novembre. Dans ce cas, on mise une pièce sur Trump pour couper l'élan unilatéraliste des marionnettistes derrière l'armée et la diplomatie US... et les fameuses ONG.

Cela ne veut pas dire qu'il pourrait gouverner car il aurait les deux Chambres et l'establishment contre lui mais juste ne rien faire, ça serait déjà pas mal. Le retournement récent de la Turquie ayant peut-être sapé les plans de l’État profond français avec le Qatar, ce serait un second coup dur pour Hollande & Cie et la classe de journalistes qui ont publiquement choisi Clinton, s'ingérant on ne peut plus légèrement dans la campagne américaine. Dans le cas contraire, si tout le monde a de quoi faire chanter Clinton, on la voit mal pouvoir gouverner ou agir et on reviendrait donc à la case précédente et à un chaos institutionnel s'installant pour quatre ans.

Si vous suivez la série sur la Guerre hybride, sans une pression politique constante, ce serait tout le château de carte qui s'effondrerait, tous ces alliés de circonstances et de corruption changeraient de camp, comme Israël qui se rapproche des Russes. On devrait assister en France à quelques retournements de vestes dans les prochains mois. À noter enfin que plus récemment, le FBI a décidé de ne pas inculper Hillary dans cet affaire d'e-mail, à nouveau sur dedefensa

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