mercredi 6 juillet 2016

Mort aux zombies

Article original de James Howard Kunstler, publié le 27 Juin 2016 sur le site kunstler.com 
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Dépense, Dépense, Dépense !
Nuit des Dettes vivantes
Attendez une minute. Ils sont déjà morts. Le Brexit révèle simplement que tous les cerveaux n’ont pas encore été mangés. Une contagion virale menace maintenant les institutions zombifiées de la vie quotidienne, en particulier les rouages de la politique et de la finance. Tout comme les zombies existent seulement dans l’imaginaire collectif, de même ces deux activités principales de la société opèrent principalement sur la confiance, un produit éphémère de l’esprit collectif.

 

Quand les choses se désagrègent dans des systèmes complexes stressés, elles ont tendance à le faire rapidement. Cela s’appelle un changement de phase. Trop de choses dans la vie du XXIe siècle ont compté sur la confiance pure que les personnes-qui-gouvernent savent ce qu’elles font. Cette confiance a subsisté malgré la distribution d’argent-sorti-de-nulle-part : la dette, l’émission irréfléchie d’obligations. TARP, QE, renflouements, bail-ins, opération de twists, schémas de Ponzi… tout le triste arsenal de la nécromancie bancaire. Les politiciens laissent la situation leur échapper. Les choses qui ne peuvent pas avancer ne se font pas, et maintenant, elles ne se feront plus.

Les politiciens de la Grande-Bretagne sont en train d’échouer comme dans un éboulement de terrain. Depuis qu’à peu près tout le monde au pouvoir ou à proximité peut être blâmé pour la situation nationale, il n’y a plus personne pour ce pencher dessus, du moins pas encore. Le parti travailliste se la joue comme dans la mutinerie du Caine, mettant en vedette Jeremy Corbyn comme capitaine Queeg. Le tory Cameron a donné un préavis de trois mois sans remplacement plausible en vue. Maintenant, les gens de Cameron laissent entendre dans les médias qu’ils peuvent simplement s’essuyer les pieds sur le Brexit et laisser pourrir la situation pendant un certain temps. Bien sûr, c’est ce que les singes hurleurs de la banque et de la finance ont fait : reporter l’inévitable addition avec les réalités de notre temps, la pénurie croissante de ressources, la surpopulation, le changement climatique, l’holocauste écologique et les rendements décroissants de la technologie.

La Grande-Bretagne illustre bien le problème : comment produire la richesse sans produire de la richesse. On appelle cela la City, le nom pour le petit quartier de Londres qui est leur Wall Street. Sans rien produire de réel, la City est devenue le moteur de l’économie du Royaume-Uni, un horrible organisme parasitaire qui a fonctionné comme centre de transfert pour les escroqueries et les fraudes de par le monde, faisant tourner le capital résiduel amoindri de l’Ouest dans un tripatouillage de frais, de commissions, d’arbitrages, de paris truquées de casino et de braquages. Dans le processus, la City a laissé à la Banque centrale européenne (BCE) le soin de donner le rôle du con à l’Union européenne (UE) avec des distorsions de crédit fatales qui ont mis ses membres dans le caca et envoyé les banques privées européennes se jeter de la falaise, dans le style Thelma et Louise.

La prochaine étape de ce mélodrame mondial protéiforme sera de voir les monnaies et les taux d’intérêt sortir complètement de leurs rôles assignés comme boucs émissaires dans le racket financier. Tôt ou tard, nous saurons ce qui se passe dans le vaste jeu d’ombres des dérivés, en particulier les arrangements novateurs autour des assurances contre les pertes sur des positions sur les devises et les taux d’intérêt – les paris faits sur leurs mouvements. Lorsque les monnaies montent ou baissent rapidement, ces soi-disant swaps sont déclenchés, puis une malheureuse institution se trouve coincée tenant un gros sac de merde. Un zombie est une chose terrible à voir, mais un zombie tenant un sac de merde est semblable à la fin du monde.

Une fois que cette contagion commencera à brûler, les personnes-qui-gouvernent ne seront pas en mesure d’apaiser les choses comme elles l’ont fait la dernière fois : par noyade dans des torrents d’argent-sorti-de-nulle-part. Du moins pas sans induire une réelle inflation, le genre qui mène à une ruine épique et à des bouleversements politiques plus intenses : le genre qui change une nation. Nous sommes à environ cinq minutes de cela aux États-Unis, avec le duo répugnant d’Hillary et de Trump mettant en scène un spectacle de clown pour un public dégoûté. Au mieux, Hillary et Trump représentent le dépérissement de la confiance politique en Amérique. Les partis qui les ont fait naître sont également en train de perdre toute crédibilité. Ils ne vont pas survivre sous la forme où nous les connaissions.

Qui sait ce qui va sortir de ce néant, quelle bête monstrueuse rampe en direction de Washington?

James Howard Kunstler

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