lundi 5 septembre 2016

Tendances

Article original de James Howard Kunstler, publié le 29 Aout 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Est-ce que le destin va permettre que l’élection d’Hillary Clinton soit l’acte suprême et peut-être terminal de notre société où-tout-va-mais-où-rien-ne-compte ? Pourtant, même avec la chance fabuleuse de courir contre un lourdaud politique consommé, elle doit se démener pour prendre le dessus, et elle va peut être atterrir à la Maison Blanche avec le plus faible taux de participation de l’histoire moderne. Mais sa récompense pour le bureau ovale ne serait peut être que d’esquiver les mises en accusation pendant quatre ans, alors que la nation se désagrège autour d’elle. C’est la façon dont le monde se terminerait : pas avec un bang ou un gémissement, mais dans un ricanement.



Imaginez la scène après l’élection de Hillary. Afin de sauver le dernier lambeau de sa crédibilité, la Réserve fédérale augmente ses taux d’un autre quart de point en détruisant les derniers faux-semblants Potemkine d’une économie soit disant convalescente, que sont les marchés boursiers en lévitation. Des dizaines de millions d’individus retraités, préalablement enfoncés dans la crise par la politique de taux d’intérêt zéro, sont anéantis. Encore plus grave, les fonds de pension et les compagnies d’assurance sont détruits, mais pas avant que leurs problèmes ne déclenchent des contrats dérivés avec les grandes banques, qui vont ensuite exploser en exposant l’incapacité des contreparties de sauvegarder ces paris.

Dans une panique aveugle, la Réserve fédérale renverserait sa politique en décembre, laissant tomber le taux d’intérêt des Fonds de la Fed pour revenir à 25 points de base et annoncer la plus grandiose nouvelle série de « quantitative easing » (impression d’argent) jamais vue, alors que le Congrès serait contraint de voter le plus grand plan de sauvetage d’institutions que le monde  ait jamais vu, avec un lâchage d’hélicoptère en une fois de 1000 milliards de dollars tout frais sous la forme de réductions d’impôts combinées et de « projets d’infrastructures prêts à démarrer ». Les médias s’en réjouiraient. Le dollar américain coulerait. Absolument personne ne veut des bons du Trésor US, des factures et des notes à payer. Les restes pathétiques de classe moyenne américaine regarderaient dans l’abîme. (S’ils regardent avec assez d’attention, ils y verront le gouvernement des États-Unis tout au fond.)

Nous vivons maintenant dans une configuration pour que cela arrive, traitant les manigances électorales du jour comme un autre divertissement télévisé sordide. C’est plus que cela. C’est une invitation gravée dans le marbre, pour la pire crise depuis la guerre civile. La crise peut même déboucher sur des événements comme une guerre civile, qui verrait s’affronter dans des escarmouches des groupes d’identités diverses autour de nos villes déjà en ruines, tout comme les factions à Alep et à Falloujah. Merci le progressisme de Gauche pour cela. Croyez-moi, l’histoire les blâmera pour avoir forcé l’idée d’une culture commune unificatrice sur une telle barge de déchets.

Et oui, pendant toutes nos tribulations ici en Amérique, le reste du monde sera aux prises avec ses propres troubles épiques. Il reste à voir s’ils vont conduire à la guerre comme, par exemple, les Chinois du parti au pouvoir qui tentent de soustraire à l’accident systémique leur propre système bancaire branlant et les millions d’investisseurs ruinés et en colère, en commençant une guerre avec le Japon pour quelques îles dépourvues de sens dans le Pacifique. Cela pourrait arriver. Et, oh, est-ce que la Corée du Nord a vraiment un programme de bombes et de missiles nucléaires ? Qu’est-ce que le reste du plan mondial pense faire à ce sujet ?

Vous ne voulez même pas regarder le Moyen-Orient. Les conflits horribles là-bas, ces dernières décennies, sont seulement un prélude à ce qui se passera quand la Maison des Séouds perdra son emprise sur le gouvernement. Cela se produira, et la grande question est de savoir si Aramco va pouvoir continuer à fonctionner, ou si les éléments critiques de la compagnie nationale pétrolière saoudienne vont finir irrémédiablement endommagés, avec des tribus concurrentes se battant pour leur contrôle. Dans tous les cas, le monde va commencer à remarquer le fait saillant de la vie dans cette partie du monde, à savoir que le désert d’Arabie, et une grande partie de la grande bande de territoire aride de chaque côté de celui-ci, ne peut pas soutenir les populations qui ont proliféré dans le bain des éléments nutritifs de cette économie du pétrole au XXe siècle. Et ils ne seront pas tous en mesure de s’auto-exporter vers l’Europe.

En parlant de cette région intéressante, pendant qu’Hillary met en place un service de soins intensifs au troisième étage de la Maison Blanche, l’ancien ordre sera balayé à travers l’Europe. Adieu Merkel et M. Hollandaise. Adieu la gauche spongieuse partout. Entrez, les durs à cuire. On pourrait penser que si quelque chose pourrait unir ce continent, cela pourrait être le désir de défendre la liberté séculière sous la primauté du droit, mais même cela reste à voir.

Oui, le monde suivant le troisième trimestre 2016 ressemble à un bordel brûlant. Si vous devez ne vous rappeler que d’une chose, que ce soit celle-ci : la mission principale de votre cohorte de la race humaine est la gestion de la contraction. Le monde devient plus grand et plus pauvre encore et le résultat, partout, sera déterminé par le succès des gens à gérer leur vie localement. Les grandes choses de ce monde – les gouvernements, les entreprises, les institutions – perdent de leur attraction et tout ce que nous parviendrons à reconstruire va se faire localement. En cas de victoire, Hillary peut absolument cesser de compter.

James Howard Kunstler
 

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