mercredi 19 octobre 2016

L’éléphant blessé

Article original de James Howard Kunstler, publié le 10 Octobre 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

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Le débat de hier soir [dimanche 9 octobre, NdT] soulève des questions intéressantes, telles que celles-ci: est-ce les Romains auraient choisi Caligula si on leur avait donné la chance de voter? Est-ce que le parti républicain peut se remettre de Donald Trump? Si les caciques du parti «débranchent» Trump, comme certains menacent de le faire (c’est à dire de couper des fonds pour sa campagne), vont-ils partir avec l’eau du bain de toute façon? Est-ce que les États-Unis sont une nation ou tout simplement le plus grand club de comédie du monde? Où est l’État profond lorsque vous avez vraiment besoin de lui?


Cette odeur qui flotte dans l’air est celle des Républicains avec leurs cheveux en feu. Pourtant, la jubilation d’étonnement sur le visage d’Hillary, témoin des sorties de route de son rival, finira par disparaître quand elle discernera l’épave qui l’attend dans le bureau ovale. Pleurez pour votre pays!

La seule bonne chose qui va sortir de cette élection sordide, c’est la certitude que beaucoup de débris politiques seront balayés après le passage de ce cap décisif. Après les miasmes de l’idiotie et des postures de cette campagne électorale, les dures réalités de notre temps vont émerger et les téléspectateurs vont apprendre dans la douleur qu’il ne s’agit pas seulement d’un autre simple divertissement.

Les autres grandes nations du monde ne se ligueront pas tellement derrière l’Amérique, si Hillary est élue, mais elles tenteront raisonnablement de se protéger de ce taureau fou que sont devenus les États-Unis – alors que les deux candidats en lice veulent commencer la troisième Guerre mondiale avec la Chine [pour Trump ?, NdT] et la Russie, respectivement. Le dernier recours des scélérats dans la version actuelle de la «presse jaune» est de blâmer la Russie pour avoir tenté de se mêler de notre élection. La guerre, les enfants, ce n’est pas pour rire.

Il commence à être trop tard pour démêler toute la confusion semée par cette horrible campagne. A partir de maintenant, il n’est vraiment plus question de laisser retomber la poussière. En arrière-plan de tout cela, il se profile l’épave fumante de la finance mondiale, qui sera le vrai déterminant de ce que le peuple américain aura à faire dans les années à venir. Pendant les semaines de cette distraction électorale, les banques européennes ont eu du mal à cacher leur insolvabilité, tandis que les politiciens de la zone Euro essayent désespérément de colmater les fissures dans ces institutions en cours de désintégration. Peu de gens peuvent dire ce qui se passe réellement dans le système bancaire de la Chine, mais il fait entendre des craquements sinistres difficiles à ignorer. Mais soyez sûrs qu’il en est de même à Wall Street et pour les banques américaines. Le potentiel de démolition des marchés et des devises à travers le monde est extrême en ce moment. Il est peut être seulement question de savoir si cela se produira avant ou après l’élection.

Ensuite, nous verrons ce qui se passera lorsque les institutions financières ne pourront plus se faire confiance. Le commerce va s’arrêter. Les économies vont péricliter. Les prétentions s’évaporeront. Si la situation dérape suffisamment, les étagères des supermarchés vont se vider en trois jours et vous allez vivre une catastrophe comme un ouragan permanent, sans le vent et la pluie. Croyez-moi, ça ne sera pas joli à voir. Hillary, si elle est élue, n’aura pas la chance de nous la rejouer Franklin Delano Roosevelt. Au contraire, elle sera coincée dans le rôle de Herbert Hoover, le retour, qui a présidé une économie réduite à un monte-charge dont le câble est cassé. Attendez-vous à des problèmes avec le dollar américain. Attendez-vous à des décisions «d’urgence». Attendez-vous aux conséquences imprévues de ces décisions.

S’il y a un résultat exceptionnel à ces «débats», il doit être dans leur échec stupéfiant à rassurer le public américain qu’il peut s’attendre à un leadership efficace devant les difficultés à venir. Il doit y en avoir beaucoup qui, comme moi, se demandent qui émergera des décombres. Je soupçonne que ce sera quelqu’un dont nous n’avons pas entendu parler avant, tout comme Bonaparte était impensable en France en 1792. Nous ne sommes pas tout à fait une nation de clowns, même si ça y ressemble beaucoup ces derniers temps.

James Howard Kunstler

Note du traducteur

Pour l'effondrement bancaire, rien n'est moins sûr, car les banques centrales peuvent monétiser les mauvaises dettes et les refinancer à l'infini, tant que les sommes colossales injectées dans le système financier ne partent pas à la recherche de contreparties physiques.

Paradoxalement, l'accumulation de richesses dans les mêmes mains, déjà propriétaires de tous les bien physiques imaginables, permet en quelque sorte de geler ces actifs monétaires. En schématisant à la truelle, cela crée des bulles permettant la concentration des droits de vote dans les multinationales entre ces grosses mains.

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