vendredi 25 novembre 2016

En larmes

Article original de James Howard Kunstler, publié le 21 Novembre 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
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Je suis perdu, luttant pour trouver un sens.
L’Amérique n’a pas eu ce qu’elle attendait, mais peut-être a-t-elle obtenu ce qu’elle méritait, des temps difficiles. Papa est rentré à la maison et il a trouvé la pouponnière sens dessus dessous et maintenant les petits braillent d’horreur. Maman a été prise la main dans le sac, comme une vieille pickpocket qui a transformé la maison en squat d’où elle a été expulsée en attendant solennellement le jugement à venir. Nulle part où courir, nulle part où se cacher. Les enfants sur le campus sont devenus temporairement fous en voyant la situation domestique et certains se demandent s’ils vont jamais s’y faire.


Trump comme papa des USA? Ben ouais. Pourrait-il devenir un bon papa? Beaucoup de gens craignent qu’il ne le puisse pas. Regardez comment il s’est comporté pendant la campagne électorale : pas de frontières comportementales … Il titube tout en marchant, comme Frankenstein. Pas très rassurant – bien qu’il semble qu’il ait, d’une certaine façon, fait monter certains de ses propres enfants dans l’aventure. Pas un tatouage ou un piercing d’oreille avec eux. Pas de confusion apparente entre les sexes. Tous occupant des postes plutôt à responsabilité dans l’entreprise familiale. Allez comprendre….

A en juger par les récriminations internes, chez les partisans du Parti démocrate se répandant dans les journaux, c’est comme s’ils se réveillaient tous simultanément d’une transe hypnotique, en réalisant combien ils n’étaient pas prêts à voter pour Hillary Clinton – et même au-delà de cette question évidente, combien l’idéologie démocrate était devenue absurde, avec son ennuyeux récit de victimologie, son incessant geignement sur la «diversité» et l’«inclusion», comme si la poussière magique était le remède souverain pour une dépression nerveuse nationale. Mais peut-on en sortir? Je n’en suis pas si sûr.

Pour toutes sortes de raisons pratiques, les deux partis traditionnels ont explosé. Le Parti démocrate s’est transformé d’un parti des gens pensants en un parti de la police de la pensée et, rien que pour cela, ils méritent d’être jetés dans les poubelles de l’histoire, où les Whigs sans cervelles les y attendent. Les Républicains ont pataugé dans leurs propres descentes de l’esprit, format slalom spécial comme aux Jeux olympiques, et cela dure depuis depuis des décennies. Aussi, il est donc compréhensible qu’ils aient été pris en otage par un étranger sorti du rang tel que Trump, si cavalier avec ses idées farfelues. Il reste à voir si le parti deviendra un monstre hybride vengeur, avec une tête orange ou un pont de retour à la réalité. Je ne donne à ce dernier résultat qu’un faible pourcentage de chance.

Maman est totalement mue par ses sentiments, le rôle de papa est celui de l’action et c’est une autre raison pour laquelle Hillary a perdu et que Trump a gagné. Nous avons assez entendu parler des sentiments des gens et cela n’a plus d’importance. Tu es offensé? Suce un œuf. Quelqu’un s’est approprié ta culture? Va chier dans ton sombrero. Ce qui importe, c’est de savoir comment nous allons faire face à la liquidation de la Modernité – l’orgie techno-industrielle qui perd ses ressources et son culte de l’argent. La politique de victimisation sacrée doit céder la place à une politique pour rester en vie.

Le président élu Trump peut ne pas le savoir encore, mais ce sont les événements qui sont maintenant aux affaires, pas des personnalités, pas même sa propre personne super-importante. Le commerce mondial et l’activité économique ont été largement liquidés tout au long de l’année et ce n’est finalement que l’argent emprunté qui a gardé les marchés financiers en lévitation, en envoyant un signal fort avec les obligations, que les emprunts d’argent ne seront jamais payés et que chaque emprunt supplémentaire coûtera beaucoup plus – à tel point que cela mettra en faillite les nations qui les émettront.

Rien que cet aspect va rendre difficile au président Trump de collecter l’argent pour la fête de reconstruction de l’infrastructure, que tellement de gens attendent. Et s’il parvient à éliminer la finance des bosquets bancaires, il est susceptible de nous coller une grippe aviaire inflationniste, qui finira par tuer l’argent partout dans le monde. Nous ne nous inquiéterons plus des partenariats Trans-Pacifiques, parce que les lettres de crédit ne seront plus disponibles pour déplacer de grands volumes de marchandises du Point A au Point B. Combien de temps, après cela, faudra-t-il avant que les étagères des supermarchés soient vides? Et dans ce cas, que pourrons-nous acheter avec nos dollars?

Il semble que le sandwich pourri que le président Obama a soigneusement préparé et a laissé dans le garde-manger de la Maison Blanche pour son successeur prendra la forme de l’inflation, la mort de votre argent – ou, du moins, du papier monnaie. S’il ne meurt pas tout à fait, préparez-vous à la possibilité de ne pas être en mesure de remettre la main dessus, alors que les marchés monétaires ferment la sortie et que les banques vont restreindre les retraits d’argent.

Bien que ce soit clairement une stratégie perdante maintenant, je soupçonne que les débris du Parti démocrate persisteront à hurler leurs griefs sacrés sur l’identité, au point de nous mener à la guerre civile, sans jamais comprendre la dynamique économique en mouvement. Ils ne savent pas quoi faire d’autre. De plus, ils sont captifs des arnaqueurs de la politique prospérant sur la pauvreté. Je soupçonne également que M. Obama et M. Trump vont se débrouiller pour pardonner à Hillary Clinton pour l’opération de racket de sa fondation, dont le serveur de messagerie privé était le moindre des problèmes – c’est plutôt la vente acharnée de l’influence et l’accès au département d’État, qui est au cœur de la question. Toute personne attentive le sait, y compris le procureur général à venir. Si ce cirque arrive en ville, Trump pourrait bénéficier de la distraction que cela provoquerait dans le public.

Il y a beaucoup de discussions sur le Net sur la théorie de Strauss et Howe et leur Fourth Turning / Quatrième virage, médiatisée actuellement. Cet excellent livre, publié il y a vingt ans, pose la question de la fin turbulente des cycles générationnels de 80 ans dans l’histoire. Les présidents des précédentes fins de cycles, Lincoln et Franklin Roosevelt, ont guidé la nation au travers de bains de sang épiques et de dislocation économique. Donald Trump, en termes de comportement, n’est pas Lincoln et pas non plus FDR. Mais il a réveillé ses enfants d’une certaine façon, et c’est tout ce qu’il faut pour le moment.

James Howard Kunstler
 



Note du traducteur

Kunstler nous propose un texte plein d'images, dans son style inimitable. Mais l'idée du réveil des nations et des citoyens semble se concrétiser chaque jour un peu plus. Après le Brexit, Trump, ce sont maintenant les Français qui ont bousculé les élites, en choisissant le candidat le moins soutenu par les médias, Fillon.

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