mardi 6 juin 2017

Stratégies pour atténuer l’effondrement

Article original de Dmitry Orlov, publié le 30 Mai 2017 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Il y a presque une décennie, j’ai écrit un article dans lequel j’ai défini les cinq étapes de l’effondrement, définis comme des points d’inflexion où la foi dans les aspects clés du statu quo est brisée et où une nouvelle réalité prend forme.

Il est utile d’avoir une taxonomie de la notion d’effondrement, même si elle est partielle. Traiter l’effondrement comme une grande boule de cire est susceptible de nous faire croire que tout va fondre d’un coup et, à l’exception de certains scénarios de type fin du monde, qui ne sont probablement même pas utiles à considérer, ce n’est probablement pas une approche réaliste ou utile.

En outre, une grande boule de cire n’est pas ce que nous avons observé durant ces années depuis que j’ai écrit cet article. À l’heure actuelle, la Terre est une boite de Petri peuplée de diverses éruptions d’effondrement, ou une soupe d’effondrement, si vous voulez. C’est un laboratoire d’effondrement en plein air qui exécute plusieurs expériences incontrôlées liées à l’effondrement, en même temps. Peut-être, si nous observons attentivement, nous pouvons apprendre à discerner les différentes étapes et déterminer comment elles interagissent.



Dans cette mise à jour de mon article de février 2008, je m’attaque à la question de l’atténuation de l’effondrement :

Que pouvons-nous faire pour éviter les différents scénarios les plus défavorables ?


Les cinq étapes de l’effondrement sont un peu parallèles aux cinq étapes du chagrin que Elizabeth Kübler-Ross a définies comme le déni, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation. Les deux séries d’étapes ont trait aux phénomènes psychologiques : les siennes ont à voir avec l’émotion ; les miennes ont à voir avec la foi. Après tout, des concepts tels que la valeur de l’argent ou l’existence de choses comme le marché libre, la démocratie et la communauté ont tous la qualité de la Fée Clochette : une fois que plus personne ne croit qu’ils existent, ils disparaissent sans laisser de traces.

J’ai défini les cinq étapes de l’effondrement comme suit :

Étape 1 : effondrement financier. La foi dans le « business as usual » est perdue. L’avenir n’est plus supposé ressembler au passé, en tout cas en aucune manière pour que les risques soient évaluables et que les actifs financiers soient garantis. Les institutions financières deviennent insolvables. Les économies sont effacées et l’accès au capital est perdu.

Étape 2 : effondrement commercial. La foi en « le marché doit fournir » est perdue. L’argent est dévalué et / ou devient rare, les marchandises sont stockées, les chaînes d’importation et de vente aux détails se décomposent et la pénurie généralisée des produits de base deviennent la norme.

Étape 3 : effondrement politique. La foi en « le gouvernement va prendre soin de toi » est perdue. Alors que les tentatives officielles visant à atténuer la perte généralisée des accès aux sources commerciales des produits de base ne font plus aucune différence, l’establishment politique perd sa légitimité et sa pertinence.

Étape 4 : effondrement social. La foi en « vos gens s’occupent de vous » est perdue, en tant qu’institutions sociales locales, alors que les organismes sociaux, qu’il s’agisse de charités ou d’autres groupes se précipitant habituellement pour combler le vide de pouvoir, sont à court de ressources ou échouent a cause de conflits internes.

Étape 5 : effondrement culturel. La foi dans la bonté de l’humanité est perdue. Les gens perdent leur capacité de « bonté, générosité, considération, affection, honnêteté, hospitalité, compassion, charité » (Turnbull, The Mountain People). Les familles se disputent et la compétition comme individus luttant pour des ressources limitées commence. La nouvelle devise devient « Puisses–tu mourir aujourd’hui pour que je ne meure que demain » (Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag). Il se pourrait même qu’il y ait du cannibalisme.

Mais l’émotion joue également un rôle ici : puisque le déclenchement de toute étape d’effondrement est une question de foi – non pas la foi individuelle, mais la foi et la confiance qui anime de grands groupes de personnes – le processus est régi non pas par un calcul rationnel mais par l’émotion. Ici, l’émotion dominante n’est pas la douleur, mais la peur : la peur d’être surpris comme le dernier imbécile à croire en un mensonge. En raison de cet effet, toute étape d’effondrement peut provoquer une panique et causer une ruée d’une étape à l’autre.

Les étapes de l’effondrement peuvent se chevaucher et peuvent se produire dans le désordre. Au Yémen, c’est l’effondrement politique qui s’est produit en premier. Le Zimbabwe et le Venezuela ont commencé avec un effondrement commercial. Dans certaines parties des États-Unis, l’effondrement social et culturel est largement avancé, même si le royaume financier-commercial-politique, avec ses gardiens installés dans certaines villes clés, continue de se maintenir pour le moment.

Mais cela reste logique de définir une cascade d’effondrement paradigmatique qui passe de la phase 1 à la phase 5.

L’effondrement financier conduit la procession car c’est de loin le pilier le plus fragile, donc le plus susceptible de tomber et de se briser en premier. Il repose sur le principe qu’il est possible d’emprunter sans cesse sur le futur et de s’attendre à être remboursé. C’est parfois possible, mais il faut que la croissance économique dépasse l’augmentation de la dette. Si l’économie grandit bien, le remboursement de la dette n’est pas particulièrement lourd. Si l’économie se contracte, les bulles gonflent et finissent par éclater. Dans un environnement de croissance proche de zéro, qui existe depuis l’effondrement financier de 2008, l’ensemble du domaine financier est mité et se transforme en un schéma pyramidal pur. Et comme pour tout plan pyramidal, tout événement perturbateur, même mineur, peut nuire à la foi qui l’anime et provoquer son effondrement.

L’effondrement commercial peut être provoqué par un certain nombre de causes (l’effondrement de l’agriculture au Zimbabwe, des prix du pétrole inférieurs aux coûts de production au Venezuela), mais ce qui est le plus efficace reste l’effondrement financier. La plupart des transactions commerciales, telles que le chargement de la cargaison sur les navires, nécessitent un accès au crédit et, lorsque le domaine financier est compromis, l’accès au crédit est habituellement le premier sinistré. Dans une économie mondiale avec des chaînes d’approvisionnement s’étendant sur les océans et les continents, une fois que le mouvement des cargaisons diminue, la contagion croisée de la chaîne d’approvisionnement s’installe. la pénurie d’une seule pièce venant de n’importe où dans le monde peut bloquer les opérations de production ou de maintenance, déclenchant des effets en chaine qui bloquent de plus en plus d’opérations. Un point de non retour est atteint lorsque les entreprises concernées, incapables de fournir des services ou des produits avec leurs navires, mais qui sont encore forcées de payer leurs coûts fixes, et qui ne peuvent plus emprunter, ont épuisé leur trésorerie.

À son tour, l’effondrement commercial provoque l’évaporation de l’assiette fiscale, ce qui déclenche un effondrement politique. Les gouvernements sont incapables de s’acquitter de leurs obligations, à moins que les recettes fiscales ne rentrent ou à moins qu’ils puissent continuer à emprunter de vastes sommes pour le financement du déficit ou, de plus en plus, les deux. Avec les mécanismes de création de crédit contraint et avec le commerce à l’arrêt, les gouvernements sont forcés de faire des réductions profondes dans l’application de la loi, la défense, les pensions, les soins de santé et d’autres domaines. Cela rend le gouvernement impuissant et inutile aux yeux des gens.
Une fois que cela se produit, la population commence à ignorer le gouvernement et à prendre les choses en main. Le point d’inflexion intervient lorsque le gouvernement est contraint d’abandonner sa responsabilité de maintenir le monopole de la violence. (Cette barrière a récemment été violée en Ukraine, où les milices nationalistes violentes ont bloqué les lignes de chemin de fer qui apportaient le charbon nécessaire pour garder les lumières allumées, mais n’ont pas été contrées. Et maintenant elles dictent la politique du gouvernement en menaçant de le renverser.) Une fois ce point atteint, l’effondrement politique est assuré.

Les trois premiers stades de l’effondrement financier-commercial-politique forment un groupe distinct. Bien que les séquences de déclenchements puissent être différentes de la cascade d’effondrement paradigmatique décrite ci-dessus, l’échec commercial ou la perturbation politique peuvent parfois conduire le bal mais le résultat final est toujours le même : l’irruption de l’étape 3, la société subsistant dans des conditions de désordre stable qu’on appelle souvent « État défaillant. »
À ce stade, de nombreuses personnes bien informées voient qu’il est raisonnable de penser que les trois premières étapes de l’effondrement sont inévitables au niveau mondial : la finance mondiale se caractérise par des niveaux de dette déjà insoutenables mais toujours exponentiellement croissants ; le commerce mondial est soutenu par des réserves de ressources naturelles non renouvelables en diminution rapide, en particulier les combustibles fossiles, et avec l’eau douce et les terres arables pas très loin derrière, sans rien pour les remplacer ; et le concept même de la gouvernance mondiale n’est qu’une triste blague lorsque de nombreux gouvernements nationaux, y compris les États-Unis, ont renoncé à leur souveraineté envers les entreprises transnationales et les cabales bancaires et agissent comme des États voyous en matière de droit international.

L’effondrement social et culturel peut être lié aux autres étapes, ou il peut se dérouler en suivant un calendrier entièrement différent, selon la mesure avec laquelle les institutions sociales et culturelles ont été financiarisées, commercialisées et politisées, les rendant fragiles et instables. Les groupes séparatistes et les sous-cultures – les Pachtounes des régions tribales du Pakistan, les Roms (Tsiganes), les Anabaptistes (Amish, Mennonites et Hutterites) dans les Amériques, les fermiers en autarcie, certaines tribus indigènes vivant dans des régions éloignées – sont suffisamment découplés de la finance, du commerce ou de la politique pour pouvoir survivre à leur disparition sans trop de perturbations.

Ce n’est pas le cas dans le monde développé, où même les relations personnelles telles que l’éducation des enfants et la prise en charge des parents âgés ont été largement remplacées par des services commerciaux ou publics et où même les relations sexuelles et amoureuses sont souvent commercialisées par les médias sociaux et les services de rencontres. Et bien que de nombreuses zones rurales du monde entier offrent au moins certaines possibilités de subsistance en autosuffisance, les grandes villes n’en ont pratiquement aucune : elles doivent être constamment approvisionnées en nourriture et autres produits de consommation, soit par le commerce, soit par l’aide humanitaire d’urgence. La combinaison d’un effondrement commercial et politique perturberait les deux.

Compte tenu de ce qui précède, quelles sont les possibilités d’évitement de l’effondrement ou d’atténuation de l’effondrement ?


En ce qui concerne l’effondrement financier, les étapes nécessaires pour l’éviter − la répudiation de la dette non remboursable, la réintroduction de principes monétaires solides, la réglementation des services financiers en tant que services publics, etc. − sont exactement les mêmes que celles nécessaires pour le juguler. En fait, des mesures beaucoup plus modestes suffiraient à le déclencher : augmenter les taux d’intérêt à leur moyenne historique de quelques pourcents, en supprimant d’abord les mesures de relance budgétaire et monétaire initiales « d’urgence », mais peut-être même suffirait-il de rétablir l’exigence de sens commun que les actifs financiers en garantie soient évalués en fonction des prix courants du marché de leurs garanties sous-jacentes. En bref, la recommandation pour éviter l’effondrement financier équivaut à « Ne pas respirer ! » Mais, comme c’est inévitable, les gens devraient se sentir libres de prendre certaines mesures pour se protéger. Chargez-vous de métaux précieux, d’armes à feu et de munitions pour surveiller vos stocks. Créez des économies locales grises ou noires qui contournent le secteur financier. Restez prêt à tout vendre rapidement.

Bien que l’effondrement financier semble assez inévitable, il y a certaines mesures que les pays, les régions et les communautés peuvent prendre pour se protéger de ses ravages. Certains pays prennent déjà ces mesures. Étant donné que les États-Unis seront à l’épicentre du trou noir financier qui sera formé par une implosion financière mondiale, il est logique d’éviter l’utilisation du dollar américain pour commercer, la poursuite des politiques de remplacement des importations, l’établissement de relations commerciales bilatérales basées sur le troc, poursuivre l’autosuffisance alimentaire et d’autres produits clés, l’indépendance énergétique et ainsi de suite. Mais il y a une limite à la réussite de ces efforts une fois que la contagion croisée de la chaîne d’approvisionnement mondiale commencera et quand il deviendra impossible de trouver de nombreux éléments sans lesquels une société technologiquement évoluée cesse d’opérer. En outre, de tels efforts entravent la poursuite aveugle de l’efficacité économique et risquent d’entraîner une réduction de la performance économique. Pour les pays largement surendettés, cette sous-performance peut être suffisante pour déclencher un effondrement financier et pour les déstabiliser politiquement.

Si on passe à l’effondrement politique, certains gouvernements sont plus résistants à l’effondrement que d’autres. Les systèmes démocratiques, qui forment des coalitions et définissent des politiques publiques par l’interférence de nombreux intérêts particuliers, sont de loin les plus susceptibles de s’effondrer comme des dominos sitôt que le domino financier renversera le domino commercial. Ils sont également les moins susceptibles de poursuivre des politiques économiquement et politiquement coûteuses qui les protégeraient contre les ravages de l’effondrement financier, simplement parce qu’il n’y a pas d’intérêt particulier et aucun groupe d’intérêts qui soient prêts à sacrifier sa part de richesse publique en faveur de la sécurité économique de quelqu’un d’autre. À l’autre extrémité du spectre, les régimes autoritaires, où il y a exactement un seul intérêt particulier – l’intérêt de l’État – et où l’État peut aller loin presque arbitrairement dans la protection de cet intérêt, même au point de tuer, de faire mourir de faim ou de chasser certaines parties de sa populations. À l’extrémité de ce spectre se trouve la Corée du Nord, avec son principe vanté de Juche. Là, l’autosuffisance passe avant tout.

Notez que les effondrements financiers, commerciaux et politiques se renforcent mutuellement. Une crise financière perturbe le commerce mondial et déclenche la contagion croisée de la chaîne d’approvisionnement mondiale qui entrave le commerce. À mesure que l’effondrement commercial se déroule, de nombreux actifs ne peuvent plus être maintenus en bon état de fonctionnement. Ils deviennent des actifs fantômes et leur valeur collatérale s’évapore. Ceci, à son tour, invalide les instruments de dette qui sont basés sur eux, ce qui entraîne un effondrement financier plus loin dans la trajectoire. En outre, au fur et à mesure que le commerce s’arrête, les recettes fiscales diminuent et les gouvernements ne sont plus en mesure de fournir des services tels que le maintien de l’ordre public ou l’alimentation et le logement des segments indigents de leurs populations. Cela déclenche une vague de crimes qui diminue encore la valeur des propriétés, en approfondissant l’effondrement financier. Ainsi, l’effondrement n’est pas un événement, mais un phénomène cyclique, avec plusieurs boucles de rétroactions positives, qui se poursuit jusqu’à ce qu’un état stable soit atteint lorsqu’une population bien réduite trouve un niveau de subsistance stable.

Le travail du consultant en atténuation de l’effondrement ne semble pas être particulièrement difficile dans une perspective intellectuelle. Comment repoussons-nous (sans pouvoir l’éviter) l’effondrement financier ? « Ne respirez pas ! » (En accumulant de l’or, des armes à feu et des munitions.) Comment éviter l’effondrement commercial ? Juche ! Comment éviter l’effondrement politique ? Demandez au chef suprême. Comment éviter l’effondrement social et culturel ? Imitez les groupes rétrogrades, non libéraux, socialement séparatistes.

Mais le travail du consultant en atténuation de l’effondrement est tout à fait répugnant (sans exagérer) dans une perspective morale et éthique. Rien de ce qui est proposé ci-dessus ne peut être considéré comme constructif d’un point de vue globalement social. Il s’agit de renoncer à ce que beaucoup de gens apprécient : la prospérité économique, la compétitivité mondiale, la politique démocratique et progressiste, le développement social des droits humains individuels. Et cela implique de promouvoir des choses que beaucoup de gens trouvent répugnantes : les seigneurs de la guerre, les monopoles nationaux, l’autoritarisme et l’oppression sociale et politique.

Un argument moral peut être donné : ce qui est proposé est moins mauvais que de ne rien faire


Il est également possible de prendre une position à un méta-niveau en ce qui concerne les perspectives morales en général. À la lumière de l’effondrement imminent, la plupart des efforts pour « faire les bonnes choses » sont susceptibles de conduire à un moratoire de conséquences involontaires qui annuleront ces efforts. Ainsi, « faire le moins possile de choses fausses » semble être une approche plus viable. Cela doit être argumenté au cas par cas, nous allons brièvement mentionner quelques exemples.

1. Supposons que vous considériez la surpopulation comme un problème aigu et que vous préconisiez le contrôle des naissances. En faisant ainsi, vous condamnez à l’extinction ces groupes dont vous voulez réguler les vitesses de reproduction tout en ne faisant rien pour ceux des groupes religieux qui considèrent la reproduction comme leur devoir sacré pour prendre en charge la planète entière en surpassant tout le monde en terme de naissance.

2. Supposons que vous souhaitiez aider l’environnement en remplaçant les voitures alimentées en essence par des voitures électriques. Ce faisant, vous détruisez le marché de l’essence, vous doublez le prix du fret (parce que les distillats de pétrole sont maintenant deux fois plus chers [n’étant plus financés pour moitié par l’achat de l’essence par les particuliers, NdT]) et… vous détruisez le marché des voitures électriques, car l’électricité est maintenant beaucoup plus coûteuse que l’essence, les voitures à essence d’occasion sont beaucoup moins chères que les nouveaux véhicules électriques, et seul un imbécile prendrait une voiture électrique à la place d’un véhicule à essence.

3. Supposons que vous croyiez que la durée de vie de la civilisation industrielle peut être allongée en activant une transition vers les énergies renouvelables et en montant beaucoup d’éoliennes et de panneaux solaires. Maintenant, vous avez gaspillé beaucoup de ressources pour un ensemble gigantesque d’actifs industriels inutiles qui étouffe le paysage. Une fois que la contamination croisée de la chaîne d’approvisionnement mondiale aura détruit l’offre de produits qui utilisent de l’électricité (tout ce qui utilise l’électricité est sur un calendrier de remplacement), détruisant à son tour la demande d’électricité. Bien sûr, le même processus perturbera également le remplacement et la maintenance des installations éoliennes et solaires, de sorte que l’approvisionnement en électricité serait également détruit. À la fin, vous n’aurez rien atteint.

4. Supposons que vous pensiez que vous pouvez faire du monde un endroit meilleur en diffusant le service de téléphonie cellulaire et l’Internet dans tous les coins de la planète et en distribuant des smartphones. Maintenant, les jeunes, séduits par les médias sociaux et l’infotainment, perdent toute envie de cultiver la terre à la manière de leurs parents et s’entassent dans les villes pour chercher du travail, idéalement un travail de bureau. Pour les nourrir, les terres sont achetées et converties à une agriculture industrielle, empoisonnant la terre avec des produits chimiques synthétiques. Et lorsque l’agriculture industrielle sera soufflée par un effondrement commercial, tout ce nouveau cheptel de citadins fraîchement débarqués va mourir de faim. Encore une fois, bien joué !

Comme vous le voyez, l’effondrement n’est pas l’un de ces « problèmes » que vous pouvez espérer « résoudre ». Une partie de ce qui s’effondre est l’ensemble du système de valeurs du monde civilisé, pour être remplacé par quelque chose que nous considérons actuellement comme beaucoup moins civilisé. Il n’y a pas de bons résultats, mais il y a toujours la possibilité d’un résultat moins mauvais. La façon dont on préconise des résultats moins mauvais (avec ou sans le port de la cape de Machiavel) est une conversation que nous devons avoir. « Les choses pourraient être encore pires » n’est pas le slogan le plus apprécié du monde. Mais que faire si c’est tout ce que nous avons ?

Dmitry Orlov

Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Les cinq stades de l'effondrement

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