samedi 18 novembre 2017

Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

Article original de James Howard Kunstler, publié le 6 novembre 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Monsieur Tout-le-monde, son oncle et l’oncle de la mère de son oncle croient que les marchés boursiers vont atteindre de nouveaux records cette semaine, et probablement parce que c’est le moment de l’année pour grossir, tout comme les dindes de Thanksgiving – avant leur abattage en masse.

Le nouveau président de la Réserve fédérale nommé par le président Trump, Jerome « Jay » Powell, « un type à faible taux d’intérêt », a été choisi parce qu’il est un clone de Janet Yellen moins les testicules, le plus insignifiant des suivistes de la Fed, avec toute une vie de garçon de courses dans les fourrés des avocats financiers comme un petit rongeur animé embrassant les troncs de tous les arbustes vivants pour le compte des firmes spécialisées en dépouillement d’actifs que sont les private equity (huit ans avec le groupe Carlyle, une pierre angulaire de l’État profond), tout à sa vie  d’insecte dans la riche litière de feuilles sous ses petites pattes très occupées.



La contribution de Powell au discours de la finance a été son affirmation célèbre que le manque d’inflation était « un peu mystérieux ». Oh oui, en effet, une énigme enveloppée dans un mystère tombé dans un doggie bag avec un sandwich au pastrami. Sauf si vous considérez que tout « l’argent » pompé par la Fed et les autres banques centrales du monde passe par un tuyau vers seulement deux destinations : les marchés obligataires et boursiers, où cet « argent » gonfle à l’air chaud des bulles gigantesques comme des zeppelins et n’ayant aucun rapport avec les économies réelles où les vrais gens doivent fabriquer des vraies choses et les échanger.

Powell aurait pu aller un peu plus loin et déclarer que la finance contemporaine elle-même était « mystérieuse », car elle a été conçue délibérément par l’équivalent de magiciens de scène qui inventent des ruses, des tromperies et des supercheries toujours plus stupéfiantes alors qu’ils se gavent des revenus que leurs tours de magie génèrent. On dit vulgairement que « les riches s’enrichissent ». Le hic, c’est qu’ils s’enrichissent d’un simple flux d’air et qu’il y a une périlleuse distance entre l’air dans lequel ils sont suspendus et le sol dur dessous.

Powell a noté que l’économie se développe vigoureusement et que le chômage est surnaturellement bas. À l’instar de ses collègues et des vérificateurs de la communauté des services bancaires d’investissement, il se contente de faire prospérer cette merde. Comme feu Joseph Goebbels avait l’habitude de le dire pour décrire sa technique de désinformation, si vous devez mentir, assurez-vous que c’est un gros mensonge.

L’économie ne grandit pas et ne peut pas grandir. L’économie n’est plus que le mort-vivant de quelque chose qui existait auparavant, une économie industrielle qui s’est convulsée puis est morte, et qui est revenue d’entre les morts comme une goule moisie se nourrissant de ses souvenirs fantomatiques. Les actions grimpent parce que les faibles taux d’intérêt, sans précédent, établis par la Fed permettent aux chefs d’entreprise de « faire du leverage » sur leurs obligations émettrices (emprunter de l’argent aux… « investisseurs ») et ensuite utiliser l’argent emprunté pour racheter leurs propres actions pour augmenter la valeur de l’action, afin qu’ils puissent justifier auprès de leurs conseils d’administration dans leurs entreprises l’augmentation de leurs salaires et bonus – sur la base du fantôme de l’idée que des cours plus élevés représentent la création de plus de choses réelles (transpalettes, bâtons de pepperoni, plateformes de forage pétrolier).

L’économie se contracte actuellement parce que nous ne pouvons pas nous permettre l’énergie nécessaire pour faire ce que nous faisions – la plupart du temps simplement circuler – et le chômage n’est pas historiquement bas, il est simplement mal représenté en n’incluant pas les dizaines de millions de personnes ayant quitté le marché du travail. Et une méchanceté épique combinée à de la lâcheté pousse les vieilles entreprises de presse à détourner le regard et à concocter des « narratives » sur cette merveilleuse époque. Si l’un des journalistes du New York Times et du Wall Street Journal comprend vraiment la portée réelle de ces « mystères » de la finance, il a peur de le dire. Les entreprises pour lesquelles ils travaillent sont en train de mourir, comme beaucoup d’autres entreprises dans le domaine non financier de cette fausse économie, et ils ne veulent pas perdre leur salaire jusqu’à ce que les lumières s’éteignent enfin.

La « narrative » est de plus en plus affirmée avant que sa fausseté ne soit prouvée par la tournure des événements, et il y a énormément d’événements là dehors qui attendent de surgir, comme des débutantes habillées pour un bal d’hiver. Le plafond de la dette… La Corée du Nord… Mueller… HillaryGate… Les caisses de retraite de l’État… Tout le monde s’accorde à dire que les États-Unis sont entrés dans un espace permanent de prospérité exquise, signe certain de leur implosion imminente. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

James Howard Kunstler

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