lundi 5 février 2018

Les événements de la crise mondiale

Article original de Brandon Smith, publié le 24 Janvier 2017 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Ce qui était étrange devient encore plus étrange


 
Alors que les grands médias et le public en général tendent à penser que chaque nouvelle journée nous rapproche d’un avenir meilleur, de nombreux analystes alternatifs se concentrent sur l’étrangeté sous-jacente de notre monde et tous les facteurs de crise auxquels les gens ordinaires ne veulent pas penser. Je dois dire, à mon avis, que cette « bizarrerie » s’est intensifiée assez rapidement ces derniers temps, et je ne pense pas que beaucoup d’analystes, qu’ils soient alternatifs ou ordinaires, en apprécient les conséquences potentielles.

Le problème le plus important a toujours été l’économie mondiale. Presque tous les secteurs de notre système reposent sur des bulles financières massives gonflées par l’impression de monnaie fiduciaire par la banque centrale et les taux d’intérêt artificiellement bas. Une seule question doit vraiment être posée : Combien de temps avant un choc géopolitique ou économique pour mettre par terre le château de cartes ?


La philosophie dominante semble être que l’économie est maintenant imperméable à de tels événements. Comme le soutiennent souvent les médias, les marchés boursiers, en particulier, ne semblent pas se préoccuper des menaces internationales. Je dirais que c’est parce que rien de substantiel n’est encore arrivé. Nous avons eu une accumulation constante de tensions politiques nationales et mondiales, mais les marchés ont jusqu’ici navigué dans un monde confortablement prévisible. C’est un monde dangereux avec de nombreux pièges potentiels, mais toujours prévisible.
Et c’est la position très étrange dans laquelle nous nous trouvons. Un système qui devient de plus en plus instable d’année en année, et une société qui s’est développée par ignorance. Pour réveiller les gens face aux menaces à venir, il faudrait une surprise, une gifle au visage, quelque chose d’absolument inattendu. Voici quelques poudrières en développement dans le monde d’où pourrait surgir un tel choc.

Le plafond de la dette américaine et la bataille du blocage du gouvernement

Je pense que beaucoup de gens ratent les points importants sur la situation de blocage du gouvernement. D’abord, considérez ceci : chaque nouvel accord pour maintenir le financement du gouvernement fédéral offre un palliatif plus court que le dernier. Le dernier accord n’assure le financement que trois semaines de plus, puis le même conflit sur le budget et les initiatives de dépenses va se répéter. Il n’est pas exagéré de s’attendre à ce qu’un jour, bientôt, nous fassions face à des batailles de financement hebdomadaires ou bihebdomadaires à Washington, alors que le problème plus profond posé par le plafond de la dette américaine est généralement ignoré.

Voyez-vous, la « lutte » au sein du gouvernement fédéral n’est pas tellement de savoir si plus de dette ne serait pas une « mauvaise chose ». En fait, les deux côtés soutiennent l’augmentation de la dette et de la taille du gouvernement. Au lieu de cela, la lutte se focalise sur l’allocation des fonds (dette) pour certains projets en écartant les autres. Qui reçoit l’argent ? Et comment un blocage du gouvernement peut-il être utilisé comme levier pour prendre le dessus politiquement ?

Une chose est sûre, ce n’est que du théâtre. Il n’y a pas de « côté » dans ce débat à Washington, et il n’y a pas de bataille. Tout cela vise à conditionner le public américain à croire que les deux partis sont séparés et opposés lorsqu’ils ne le sont pas. Au-delà de cela, la bataille sur le blocage accroit également un certain facteur de stress pour l’économie dont beaucoup de gens n’ont pas conscience.
Parmi les analystes alternatifs, le cynisme sévit sur ce blocage du gouvernement. « Qui s’en soucie ? ». Beaucoup d’entre eux disent : « Laissez faire ! ». Mais il y a quelques soucis ici, principalement le souci de la pleine confiance sur les capacités d’émission de la dette des États-Unis.

Même si je suis tout à fait d’accord avec l’idée que le gouvernement fédéral se dirige vers un mur, je ne pense pas que beaucoup d’analystes envisagent les contreparties nécessaires lorsque le système va se réinitialiser. Par exemple, pendant que le Trésor américain est censé rester fonctionnel pendant un blocage du gouvernement et le restera certainement pendant les interruptions et les débats sur le financement, ce conflit interne, bien que de nature théâtrale, peut aussi produire un manque de confiance dans les bons du Trésor et le dollar au niveau international. Et franchement, la foi est tout ce qui reste à notre économie pour tenir debout.

Si la bataille du financement se poursuit avec des interruptions de plus en plus fréquentes ou avec une longue période de blocage du gouvernement, il est possible que les principaux investisseurs étrangers dans la dette américaine et le dollar commencent à se débarrasser de leurs avoirs. Quand cela se fera, discrètement, les acteurs nieront cette réalité. Si la Chine, par exemple, commence à se découpler de la dette américaine, nous ne le saurons pas avant qu’il soit trop tard. Les Chinois chercheront à être les premiers à se débarrasser de leurs avoirs afin d’éviter une grande course vers la sortie à l’échelle mondiale. Ils voudront être les premiers à vendre, pas les derniers.

Encore une fois, si cette lutte pour le financement du gouvernement continue à devenir plus agressive et plus absurde, nous finirons par voir un largage de la dette américaine par les acteurs internationaux et dans la foulée, une crise sans précédent. Que ce « besoin » se produise ou non, ce n’est pas ce dont je discute ici, mais seulement que lorsque cela se produira, il y aura des conséquences pour nous tous et qu’il est essentiel de s’y préparer.

La Syrie est de retour au premier plan

Donc, si vous pensiez que la situation syrienne ne pouvait pas être plus étrange, la semaine dernière aura peut-être été une surprise.

Le dernier développement majeur a été l’ordre de Vladimir Poutine de retirer un grand pourcentage des troupes russes stationnant dans la région, laissant le gouvernement Assad particulièrement vulnérable. Ce mouvement ne m’a pas surpris du tout. En fait, j’ai prédit que la Russie se retirerait de Syrie dans des interviews l’année dernière. J’ai également écrit sur les problèmes que cela pourrait causer dans mon article « Un examen des événements les plus perturbants de 2017 ». Un de ces problèmes serait que Poutine laisse la porte grande ouverte à une force étrangère pour envahir la Syrie, y attirant d’autres pays comme l’Iran ou le Liban dans cette lutte et décuplant la guerre.

Ce qui m’a surpris, cependant, c’est le lancement effronté de forces dans la région par la Turquie en particulier. Erdogan harcèle les tribus kurdes en Syrie depuis un certain temps, mais les dernières opérations sont quelque chose de tout à fait nouveau. Gardez à l’esprit que la Turquie est toujours techniquement un membre de l’OTAN et un allié des États-Unis, malgré la rhétorique anti-OTAN d’Erdogan et les menaces de quitter le pacte de défense multi-nations. Gardez également à l’esprit que le gouvernement américain apporte un soutien financier et monétaire aux Kurdes. Donc, pour clarifier, un allié américain ignore la situation tendue en Syrie et la possibilité de déclencher une guerre régionale plus vaste pour chasser et détruire un autre allié américain, alors que l’Arabie saoudite, l’Iran, Israël, le Liban, la Russie, etc. s’agitent en périphérie en attendant de sauter dans la mêlée.

Ce n’est pas une recette pour un discours diplomatique. C’est une recette pour le désastre. La Syrie mènera-t-elle à la troisième guerre mondiale, comme le suggèrent certaines personnes ? Probablement pas de la façon dont la plupart d’entre eux l’imaginent. La guerre prend de nombreuses formes, y compris des conflits sporadiques région par région, ainsi que des conflits économiques. Une guerre nucléaire mondiale est peu probable étant donné qu’un tel événement vaporiserait virtuellement des décennies d’investissement de l’establishment élitiste dans les réseaux de contrôle du monde entier. Mais des combats régionaux constants et des catastrophes financières ? C’est une stratégie qui leur profite grandement.

La Corée du Nord et la cible olympique

Tout d’abord, permettez-moi de dire que le fait même que la Corée du Sud et le Comité olympique se sentent obligés de continuer les jeux dans la région en cette période de tensions accrues est extrêmement étrange pour moi. L’idée simple serait que les jeux vont « guérir » les divisions dans la péninsule coréenne. Je n’en suis pas si sûr…

Récemment, j’ai écrit sur le scénario de la guerre en Corée du Nord et l’éventuelle attaque sous faux drapeau pendant les Jeux olympiques dans mon article « Les Jeux Olympiques en Corée du Sud – Une opportunité parfaite pour une attaque sous faux drapeau ». J’ajouterais à mon analyse un autre développement intéressant ; la réponse négative des Sud-Coréens à la participation du Nord aux Jeux Olympiques.

Je dois toujours rappeler aux gens qu’une guerre en Corée du Nord serait l’événement déclencheur le plus efficace pour cacher le ralentissement économique et organiser une distraction mondiale, bien que certains sceptiques semblent penser que la situation ne va nulle part. Pourtant, tous les éléments sont maintenant présents, y compris un éventail de forces navales prêtes pour une réponse militaire, l’escalade technologique des missiles de la Corée du Nord pour inclure des ICBM capables de frapper le continent américain, la rhétorique de guerre qui croît des deux côtés, le Département de la Défense étant le plus agressif, et maintenant même des citoyens sud-coréens semblent renoncer à la diplomatie car ils brûlent des photos de Kim Jong-un lors de processions olympiques et exigent un arrêt de la coopération avec le Nord pendant les jeux.

Il s’agit d’une rupture assez nette par rapport au discours dominant aux États-Unis, qui nous indique que les Sud-Coréens cherchent des relations généralement passives et diplomatiques avec le Nord, et que l’implication américaine est universellement indésirable. C’est-à-dire que le désir de conflit ne se limite pas aux faucons américains et aux « fanatiques » nord-coréens, mais aussi qu’une grande partie de la population sud-coréenne semble préférer des solutions moins que pacifiques.

Ajoutez à cela les dernières allégations de la CIA selon lesquelles la technologie des armes nucléaires de la Corée du Nord serait une menace pour les États-Unis d’ici à quelques mois, et les nouvelles que les armées nord-coréennes confisquent les stocks alimentaires aux citoyens à un rythme plus élevé que d’habitude. Quiconque a un peu de bon sens peut voir ce qui se développe ici. Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, a affirmé que l’administration Trump agira pour empêcher la Corée du Nord de développer un arsenal d’ICBM capables de frapper les États-Unis.

Je l’ai déjà dit et je le répète : ça va finir en guerre. Il n’y a pas moyen d’y couper.

Le dollar américain poursuit son déclin rapide

J’ai écrit sur ce développement intéressant il y a quelques semaines dans mon article « L’étrange chute du dollar. Qu’est-ce que cela signifie pour l’or ? » et jusqu’à présent, il semble que la spirale baissière du dollar se poursuit, alors qu’il chute maintenant à une vitesse inconnue depuis 2003.
Cette tendance est très étrange pour un certain nombre de raisons – le plus important étant le fait que le dollar-index ignore la politique de la Réserve fédérale pour relever les taux d’intérêt et réduire son bilan. Dans des conditions économiques normales, cela devrait déclencher une hausse du dollar et non un effondrement du dollar. Je prédis que la Fed, sous le « nouveau leadership » de Jerome Powell, poursuivra des mesures de resserrement budgétaire très agressives en 2018, y compris une hausse des taux d’intérêt au nom de la baisse du dollar.

Si cela se produit, la folle bulle du marché boursier maintenant totalement sous stéroïde va sentir le coup bas passer. Cependant, un tel mouvement peut ne pas arrêter la baisse du dollar. Cela pourrait être la première étape de la crise stagflationniste contre laquelle de nombreux analystes nous mettent en garde depuis des années.

Grandir en prenant l’habitude de l’étrange

Je pense que si vous demandiez à la plupart des gens s’ils auraient cru que les développements d’aujourd’hui étaient possibles il y a cinq ou dix ans, ils auraient dit non. Le danger est que lorsqu’une société s’habitue trop à l’instabilité et au conflit, elle devient complaisante en termes de sécurité et de liberté. Elle pourrait même ne pas le remarquer jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que ces deux nécessités aient volé trop loin d’elle.

Cette grande gifle mondiale dans le visage arrive, ne vous y trompez pas, mais la question est : pouvons-nous préparer suffisamment de gens pour cela et à temps pour faire une différence au niveau du résultat ? L’analyse de cette question est souvent comparée à celle d’une « catastrophe » mais en réalité, c’est un acte d’optimisme. Moi et beaucoup d’autres analystes partons de l’hypothèse que nous pouvons faire pencher la balance en informant le public et en créant un bouclier contre les calamités. Peut-être que c’est une supposition stupide, peut-être pas. Nous verrons en temps voulu.

Brandon Smith

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