mardi 10 avril 2018

Cambridge Analytica et la conspiration Facebook sur les Big Data

Article original de Andrew Korybko, publié le 26 mars 2018 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Cambridge Analytica Facebook 

The Guardian a publié un exposé sur la manière dont Cambridge Analytica aurait maîtrisé l’utilisation des données des médias sociaux pour donner aux campagnes Brexit et Trump un avantage crucial en 2016.

Le journal britannique a publié un reportage détaillé sur Christopher Wylie, le génie canadien derrière la société de données Cambridge Analytica qui aurait été l’arme secrète derrière les succès électoraux de ces deux campagnes. Il existe depuis longtemps des spéculations sur l’utilisation des informations Facebook des gens par cette société pour améliorer leurs efforts électoraux, mais maintenant son fondateur est sorti du bois et prétend avoir des documents prouvant que c’était le cas. De plus, il dit que sa compagnie a été créée par SCL Elections, une subsidiarité du groupe SCL. C’est ce qu’il a dit à un journaliste, soi-disant connu pour son expertise dans la conduite de « cyber-guerre pour les élections ». La maison mère SCL a des contrats militaires aussi bien que des contrats civils, ce qui en fait un prolongement de « l’État profond » et ajoute de la crédibilité aux affirmations selon lesquelles Cambridge Analytica a fonctionné comme une composante indispensable derrière les victoires du Brexit et de Trump.


 
The Guardian explique ensuite comment les données Facebook des utilisateurs ont été extraites d’applications, de quiz et de « semoirs » et que les traits de personnalité des gens ont été associés à leurs « likes » et autres activités de compte pour construire des profils détaillés sur des millions de personnes. Le journal et son interviewé suggèrent que cela pourrait bien être illégal. Pour sa défense, Cambridge Analytica a toujours affirmé, sous pression, que ce n’était pas le cas et a parfois dit mener des recherches universitaires. Cette position de « déni plausible » montre à quel point la frontière entre le monde universitaire, le marketing, la politique et les services d’intelligence est floue. Mais pour être juste, ce problème ne cesse de s’aggraver depuis des années et Cambridge Analytica n’est pas la première entreprise à être impliquée avec des accusations d’irrégularités juridique et éthique dans ce domaine. La seule chose dont ils sont vraiment « coupables » c’est d’avoir identifié et exploité de façon créative le Zeitgeist anti-système des sociétés britannique et américaine.

On peut argumenter qu’il était « mal » qu’ils se procurent des données personnelles sur Facebook, mais cela ne change rien au fait que les résultats ont été utilisés à des fins très efficaces pour faire avancer ce que les masses voulaient apparemment, à savoir le Brexit et l’élection de Trump. Les médias dominants étaient, et sont toujours, complètement décontenancés par ce qui s’est passé parce qu’ils se sont convaincus de l’impossibilité des deux défaites lors de ces campagnes, refusant avec arrogance de reconnaître et d’accepter les signes évidents que les gens réclament du changement. Tout ce que Cambridge Analytica a fait, a été de traiter des données préexistantes, d’évaluer objectivement ses résultats et de transmettre les résultats à ses clients afin qu’ils puissent affiner leurs messages, bien qu’il y ait des craintes légitimes que des courtiers en données comme celui-ci deviennent trop puissants, s’ils devaient tirer parti indépendamment de cette information pour leurs propres fins un jour.

Toute cette affaire montre l’influence croissante des sociétés technologiques dans la société postmoderne actuelle, mais la seule raison pour laquelle cela passe au microscope des média dominants, c’est que c’est l’une des raisons pour lesquelles le « mauvais côté » a gagné. C’est la raison pour laquelle The Guardian s’avance également par une tangente bizarre et suggère qu’il pourrait y avoir un lien entre le gouvernement russe et Cambridge Analytica, tout cela pour se plier à la mafia du Russiagate et à ses contrôleurs des « États profonds ». Cela mis à part, l’exposé est instructif, car il révèle la vérité derrière les coulisses – et derrière les écrans d’ordinateur et de téléphone – et explique comment les préférences privées des gens sont aspirées et analysées en créant une série vertigineuse de profils psychologiques à des fins politiques.

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

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