mardi 5 janvier 2016

Quelle nouvelle horreur pour l’économie après la hausse des taux de la Fed ?

Article original de Brandon Smith, publié le 23 Décembre 2015 sur le site alt-market 
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
 


Il y a une réalité prédominante qui doit être comprise avant que quiconque puisse saisir la nature de la Federal Reserve et des décisions qu’elle prend, et cette réalité est la suivante : l’objectif de la Fed n’est pas de défendre ou d’étendre les marchés américains ou le dollar ; la tâche finale de la Fed est de détruire les marchés américains et le dollar. Je répète ce petit fait depuis des années, car il semble que beaucoup de gens intelligents et sages ne puissent tout simplement pas accepter cette vérité, ce qui explique pourquoi ils ont du mal à comprendre les actions que la Fed entreprend.

 

Lorsque les analystes annoncent que la Fed s’est positionnée entre le marteau et l’enclume en termes de politique, ce n’est pas tout à fait vrai. La Fed est exactement là où elle veut être en termes de politique ; elle a en effet placé l’économie américaine entre le marteau et l’enclume, volontairement.
Les mondialistes voient le dollar US et l’économie américaine comme sacrifiables (en grande partie), et ce sacrifice est destiné à créer un chaos qui distrait le regard, ainsi qu’un avantage géopolitique pour migrer vers un nouveau système économique mondial entièrement centralisé. Vous pouvez prendre connaissance des fortes évidences pour ce programme dans mon article La chute de l’Amérique signale la montée du Nouvel Ordre Mondial.

Si vous croyez que la Fed est la seule pourvoyeuse de la crise économique mondiale et qu’elle se trouve au sommet de la pyramide internationaliste, alors vous avez probablement prédit que celle-ci, contrôlée par des entités privées, n’augmenterait jamais les taux d’intérêt, au moins pas avant un million d’années (de nombreuses personnalités sur la scène économique alternative ont fait ce pari). Si vous croyez que l’objectif principal de la Fed est de prolonger la durée de vie de l’empire américain, encore une fois, vous avez probablement prédit que la Fed ne le ferait jamais. Il y a un fort biais de normalité quand ces propos viennent d’éléments du monde économique alternatif et de leur position sur la Réserve fédérale. Ils refusent de reconnaître que la Fed est une bombe à retardement délibérément prépositionnée et destinée à annihiler le système économique américain et sa monnaie. Et tant qu’ils raisonnent comme ça, ils ne seront jamais en mesure de déterminer ce qui est susceptible de se produire au sein de notre prochaine structure financière.

Il n’y a pas moyen de contourner cela : si vous ne pouvez pas saisir les motivations profondes de la Fed, alors vous deviendrez intellectuellement infirme dans votre lutte pour voir venir le prochain écueil économique à court terme.

En août, j’ai fait cette prédiction concernant la décision de la hausse des taux de la Fed :
La poussée de la Réserve fédérale pour une hausse des taux sera probablement décidée avant fin 2015. Parler d’une augmentation en septembre des taux d’intérêt peut être un stratagème, mais une décision de dernière minute pour la retarder pourrait être sur la table. Cette tactique de réunions de sécurité de dernière minute et de retards surprises a été utilisée lors du scénario de fin de QE, ce qui a mis beaucoup d’analystes sur leurs gardes et a fait croire à beaucoup d’entre eux qu’un arrêt du QE ne se produirait jamais. Eh bien, il s’est produit, comme la hausse des taux va arriver, seulement un peu plus tard que la date prévue par les analystes traditionnels.
En cas de retard, il sera de courte durée, déclenchant un rebond technique sur les marchés actions, avec des taux augmentant en décembre alors que la baisse des ventes au détail deviendra indéniable à l’approche de la saison de Noël.
J’ai fait cette prédiction (ainsi que ma prédiction sur la fin du QE en 2013) sur le fondement que la Fed n’est que l’appendice d’une machine bancaire élitiste plus grande. La Fed, comme idée institutionnelle, n’est pas sacro-sainte pour les élites, et elle est, à tout le moins, remplaçable. Le dollar est prévu pour la démolition. Et même si elle peut continuer pendant un certain temps avec une capacité marginalisée, la Fed telle que nous la connaissons aujourd’hui sera bientôt écrasée sous le poids de ce que le Fonds monétaire international appelle la réinitialisation économique mondiale. En d’autres termes, chaque partie de ma prédiction s’est réalisée parce que j’ai accepté le fait que la Fed prendra invariablement les décisions politiques les plus destructrices, au pire moment possible, avec à l’esprit l’objectif de provoquer une crise.

Les banquiers centraux ont également une tendance à suivre des modes opératoires prédéterminés. Ils changent rarement de stratégie sur un coup de tête. La plupart des décisions que nous voyons prises par la Fed, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon, etc. l’ont probablement été à l’avance, depuis des mois sinon des années, et elles suivent les mêmes stratégies que celles utilisées lors des crises précédentes.

Par exemple, le processus de la Fed pour relever les taux d’intérêt en décembre a suivi presque exactement le processus utilisé pour introduire le Taper [le ralentissement, NdT] du QE3 en 2013 : une accumulation de rhétorique dans les médias grand public au cours de la première moitié de l’année, puis un faux départ en septembre, suivi par des mois d’incertitude sur les marchés puis finalement la concrétisation de la politique en décembre. La Fed a également l’habitude de relever les taux d’intérêt au début d’une instabilité économique ou en plein milieu d’une récession, comme elle l’a fait en 1928-1929, en déclenchant la Grande Dépression et. en 1931, en jetant de l’huile sur le feu de la catastrophe financière. Ces mesures politiques particulières catalysant les crises sont en partie ce à quoi Ben Bernanke faisait allusion le 8 novembre 2002, dans un discours prononcé lors d’une conférence en l’honneur de Milton Friedman… A l’occasion de son 90e anniversaire :
En bref, selon Friedman et Schwartz, en raison des changements institutionnels et des doctrines erronées, les paniques bancaires de la Grande dépression ont été beaucoup plus sévères et généralisées que celles qui auraient normalement eu lieu au cours d’une récession.
Permettez-moi de terminer mon discours en abusant un peu de mon statut de représentant officiel de la Réserve fédérale. Je voudrais dire à Milton et Anna : en ce qui concerne la Grande Dépression, vous avez raison, nous l’avons provoquée. Nous sommes désolés. Mais grâce à vous, nous ne le referons plus.
Basé sur ce modèle d’actions politiques conduisant à un désastre financier, je crois que les analystes alternatifs peuvent prédire avec certitude ce qui est susceptible de se produire maintenant que la Fed a relevé ses taux en plein milieu de la contraction économique la plus forte depuis la Grande Dépression – qui avait été déclenchée (comme Bernanke l’a admis) par les banquiers centraux. Voici quelques tendances qui, je crois, vont devenir exponentielles alors que nous entrons en 2016.

Les turbulences sur les marchés deviennent critiques

Cela peut paraître comme une prédiction facile à faire ; le FMI et la Banque des règlements internationaux ont tous les deux publié des avertissements sur un événement financier négatif possible si la Fed devait relever ses taux. Je veux seulement faire remarquer d’abord que la Réserve fédérale prend ses ordres de marche à la BRI (Banque des règlements internationaux), de sorte que la BRI serait certainement au courant si un changement de politique de la Fed devait se traduire par un effondrement. Nous n’avons pas à faire des prédictions, nous devons nous contenter de regarder où la BRI se positionne afin d’apparaître comme une pronostiqueuse ayant nos meilleurs intérêts à cœur.
Deuxièmement, les turbulences de marché sont garanties compte tenu du fait que les banques et les corporations ont été totalement dépendantes des taux d’intérêt proches de zéro et du financement au jour le jour par la Fed. Ils ont eu recours à ces prêts sans frais et à faible coût principalement pour des rachats d’actions, les leurs, et réduire leur nombre sur le marché, élevant ainsi artificiellement la valeur des actions restantes et faisant grimper le marché dans son ensemble. Maintenant que les prêts proches de zéro sont terminés, ces banques et ces corporations ne seront pas en mesure d’emprunter au jour le jour, et les rachats cesseront. Ainsi, les marchés boursiers vont tomber à court terme.

Ce processus a déjà commencé avec une volatilité accrue avant et après la hausse des taux de la Fed. Observez les mouvements des marchés actions lors des deux premiers trimestres de 2016, ils seront beaucoup plus erratiques – 300 à 500 points, ou plus – à la hausse et à la baisse, plus fréquents, avec une tendance générale qui descend dans la zone des 15 000 points pour le Dow Jones. Les augmentations extraordinaires mais de courte durée vont se produire à l’occasion sur les marchés – Noël et le Nouvel An ont tendance à se traduire par des ralliements positifs – mais des ralliements, avec des chocs, sont tout autant un signe de volatilité et d’instabilité que des chocs accidentels.

Il est difficile de dire à quelle vitesse et dans quelle mesure les marchés vont baisser d’ici la fin de 2016. Je crois que nous allons voir une répétition du chaos comme en 2008-2009, mais nous entrons dans un territoire inconnu étant donné que la crise que nous vivons n’est pas purement déflationniste comme la Grande Dépression. Il s’agit plutôt, d’un effondrement de type stagflation avec des éléments de la Grande Dépression associés à la catastrophe inflationniste de la République de Weimar.

La Fed va continuer à relever ses taux d’intérêt

Je crois que la Fed va continuer à relever ses taux tout au long de 2016 en dépit des signaux économiques négatifs actuels ou futurs. Elle a ignoré la contraction mondiale à ce jour et ne tiendra pas compte d’événements futurs. Pourquoi ? La Fed ouvre la voie à un effondrement. Point final.
Les analystes des médias dominants affirment leur scepticisme quant au calendrier tout tracé de la Fed, annoncé publiquement, d’au moins quatre hausses de taux en 2016. Je ne suis pas sceptique. Je pense qu’ils sont partis pour de la casse et pour ouvrir les vannes de l’enfer financier.

Mais est-ce que les hausses ne se traduisent pas par un dollar plus fort et plus recherché ? Peut-être, mais à court terme. Et beaucoup de gens ignorent qu’un prétendu indice fort du dollar par rapport aux autres monnaies nationales est tout autant un baiser de la mort pour le billet vert qu’un faible indice du dollar.

La perte du statut du pétro-dollar

Les producteurs de pétrole ont refusé de réduire leur production en dépit du fait que de nombreux pays n’ont plus de capacité de stockage pour les réserves excédentaires. La demande internationale continue à diminuer, entraînant une surabondance mondiale de pétrole si intense que les navires qui le transportent sont maintenant forcés de patienter au large des côtes en attendant d’avoir un créneau pour déverser leur cargaison. Certains font même des ronds dans l’eau avant de retourner à l’endroit d’où ils sont venus.

Pourquoi les pays de l’Opep ont-ils refusé de réduire la production ? Parce qu’ils envisagent de se diversifier, au détriment du dollar, pour un panier de devises, afin de stabiliser les prix du pétrole, plutôt que de réduire l’offre. La cerise sur le gâteau est la décision récente du Congrès et de l’administration Obama de supprimer l’interdiction d’exportation de pétrole depuis les États-Unis, interdiction vieille de 40 ans. Avec la levée de cette interdiction, les États-Unis deviennent un concurrent sur le marché mondial du pétrole au milieu de la pire surabondance de pétrole depuis le début des années 1980. Cela pourrait ne pas sembler très judicieux pour de nombreux analystes, mais la Fed n’est pas la seule institution à faire dérailler les États-Unis. Certaines élites au sein de notre propre gouvernement (US) prennent aussi les pires décisions possibles au pire moment possible, et ils le font tout à fait volontairement.

Selon les développements actuels des marchés du pétrole, je crois que le prochain grand événement déclencheur économique sera la suppression du statut de pétro-monnaie du dollar. Le dollar fort fait maintenant baisser les prix à un niveau propre à infliger le coup du lapin aux pays de l’OPEP. L’Arabie Saoudite a déjà fait allusion à un depeg [désindexation, NdT] par rapport au dollar, alors que les bas prix du pétrole continuent à conduire les producteurs à s’endetter.

Avec les États-Unis qui entrent maintenant sur le marché en tant que concurrent pour le pétrole, je ne vois aucune raison impérieuse pour que les pays de l’Opep continuent d’accrocher les ventes de pétrole au dollar. Avec la perte du statut du pétro-dollar, le dollar va progressivement agoniser. Cela conduira à l’élimination éventuelle du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar, ce sur quoi je vous ai mis en garde depuis des années, et plus récemment dans mon article La remise à zéro globale économique a commencé.

Distractions géopolitiques

Je ne vois pas l’ensemble de ces développements économiques se dérouler dans un monde apaisé. Il est beaucoup plus logique pour les élites de progresser sur un arrière-plan de bouleversements géopolitiques avec le terrorisme comme distraction principale pour le grand public. Je crois que 2016 sera étiquetée année du terrorisme, que les attaques d’ISIS vont s’élargir à tous les coins des États-Unis et dans de nombreux pays de l’UE. Ce brouillard de la guerre est tout à fait nécessaire pour cacher les actions des terroristes les plus dangereux : les financiers et les élites internationalistes recentrées sur la transformation des structures politiques et financières mondiales vers quelque chose de plus centralisé et de plus sinistre.

D’autres distractions sont certainement possibles, mais il y a beaucoup trop de points chauds à travers le monde en ce moment pour faire une quelconque prédiction pour savoir lequel sera utilisé – ou aucun. Le faux paradigme Est / Ouest se poursuit. Il est utile car il fournit une justification pour l’abandon éventuel du dollar américain par les pays de l’Est (y compris la Chine). Les tensions entre les Russes et l’Otan pourraient être utilisées pour fomenter des guerres régionales ou même une guerre mondiale si c’est dans leurs plans. Je ne vois pas cela comme la fin du jeu, cependant.

L’effondrement économique est une bien meilleure arme à la disposition des mondialistes. Une panique nationale, des émeutes, le pillage, la famine, le crime amplifié : toutes ces choses aboutiront à une mortalité et à un désespoir massifs. Le désespoir conduira à des appels à un leadership fort, et un fort leadership se traduit généralement par le totalitarisme. Cela pourrait sembler sensationnaliste de lier tous ces résultats possibles à la décision de la hausse des taux de la Fed, mais donnons-lui un peu de temps.
Ceux qui portent des accusations de sensationnalisme et d’alarmisme aujourd’hui affirmeront demain que ces développements étaient facilement prévisibles.

Brandon Smith

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