jeudi 27 octobre 2016

La division Est–Ouest est liée au dollar, pas à une guerre nucléaire

Article original de Brandon Smith, publié le 19 Octobre 2016 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



La chose intéressante sur le travail dans les économies alternatives est qu’inévitablement, vous deviendrez la Cassandre désignée. Vous pouvez présenter des faits sur le terrain et la réalité derrière les chiffres, mais la plupart de ce que vous avez à raconter ne sera pas agréable à entendre. Les économistes alternatifs sont condamnés à être étiquetés comme «catastrophistes». Et c’est vrai…



La vérité est telle qu’elle est, et parfois ça choque des gens obsédés par un positivisme excessif et une naïveté autour de la croissance des marchés. Cependant, aussi mauvaises que nous semblent les perspectives, nous ne posons pas nécessairement les options les plus laides sur la table.


Il existe une tendance indéniable de certains au sein du mouvement de la liberté d’imaginer une fin de jeu de style Mad Max pour ce château de cartes sans cesse croissant. Autrement dit, ils ne voient comme seule issue plausible qu’une vision apocalyptique et un holocauste nucléaire qui correspond bien à leur idée. Dans de nombreux cas, l’argument est parfois présenté que la troisième guerre mondiale est dans l’intérêt des élites mondiales qui cherchent un catalyseur pour leur soi-disant «nouvel ordre mondial».

Cela ne veut pas dire que je ne pense pas que la troisième guerre mondiale soit une possibilité. Elle existe. Mais je reste plutôt sceptique sur l’utilité d’une guerre nucléaire pour les élites. Principalement parce que tout ce à quoi elles prétendent ouvertement et qu’elles espèrent accomplir peut l’être sans les armes nucléaires.

Le récit d’un conflit à venir entre l’Orient et l’Occident est en ébullition constante alors que l’élection américaine touche à sa fin. Même les médias traditionnels font des insinuations sur les risques d’embrasement. Certains croient que les résultats de l’élection détermineront les probabilités de la guerre. Je tiens une position différente. Il me semble que la rhétorique d’un échange nucléaire Est / Ouest est exploitée comme une distraction loin d’une fin de jeu très différente, mais presque aussi catastrophique – la mort du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale.

Tout d’abord, soyons clairs ; la guerre nucléaire ne va guère servir les intérêts élitistes. Considérez le fait que les globalistes ont travaillé avec diligence depuis le 9/11 pour installer une vaste infrastructure de surveillance électronique dans les grandes villes à travers le monde. Cela inclut la présence d’une surveillance vidéo omniprésente, la collecte de données biométriques, la reconnaissance faciale, les empreintes vocales, etc. Ceci s’est non seulement produit aux États-Unis et en Europe, mais en Chine et en Russie. Vladimir Poutine a signé la loi orwellienne Yarovaya Package en juin en Russie pour mettre en mouvement un appareil de surveillance électronique directement sur le modèle des mesures exploitées par la NSA. Peut-être ironiquement, même Edward Snowden, vivant actuellement en Russie en asile, a-t-il critiqué les amendements.

On a donc une infrastructure de contrôle numérique complexe et coûteuse construite tout autour de nous. Cela a très peu de sens pour les élites d’avoir atteint un tel niveau de contrôle total pour tout jeter à la poubelle en un clin œil de 1,2 mégatonne. Gardez à l’esprit qu’un échange nucléaire comprend également le ciblage des satellites militaires – toute surveillance digne de ce nom serait très probablement totalement grillée.

Une autre question à considérer, c’est les fondements psychologiques de l’élitisme. Les élites présentent généralement des traits de psychopathie, mais c’est une psychopathie entraînée par le narcissisme plutôt que par le nihilisme. Les narcissiques ont tendance à se détourner de l’auto-destruction et la destruction des trésors auxquels ils croient avoir droit. Les élites veulent la centralisation totale du pouvoir et de l’influence, et elles veulent que les masses l’acceptent ou même exigent un système dans lequel le globalisme deviendrait sacro-saint. Elles veulent la planète, et elles la veulent belle et vierge pour elles-mêmes. Elles pourraient être prêtes à sacrifier certains appendices du système [les humains, NdT], mais n’ont pas l’intention de vaporiser l’ensemble du lot.

Avec cela, les psychopathes n’aiment pas perdre. Ils ont une propension à tenter de tout casser avec eux s’ils sont sur le point d’échouer. Cela dit, je pense que les récents rapports sur la fin du globalisme sont grandement exagérés.

Le récit de la guerre mondiale à venir tourne autour de certaines hypothèses. Par exemple, certains partisans de la liberté soutiennent que le succès du référendum du Brexit, la campagne de Trump et la montée des mouvements de souveraineté sont une menace existentielle pour l’empire globaliste. Dans leur esprit, une guerre nucléaire déclenchée par les élites à ce stade est logique parce le globalisme semble «perdre».
Comme je l’ai indiqué dans mon dernier article, Les élites globalistes se préparent à vous blâmer pour le crash financier qui s’approche, ce n’est tout simplement pas le cas. En fait, la montée des mouvements conservateurs et souverainistes en Occident est une mise en scène parfaite des élites pour provoquer l’acte final d’un monde en mutation sous forme d’une crise financière. Avec ces mouvements conservateurs au «pouvoir», l’effondrement économique en cours pourrait alors être imputé à de «dangereux populistes» plutôt qu’aux banquiers internationaux qui ont créé le problème initial.

Les globalistes ne sont pas hors course, ils jouent juste le jeu de la dialectique hégélienne comme ils l’ont toujours fait ; problème, réaction, solution.

Et, comme je l’ai mis en évidence et exposé en détail dans de nombreux articles, le conflit entre l’Est et l’Ouest est un simulacre fabriqué artificiellement. Au sommet des pyramides politiques et financières de chaque nation majeure, y compris la Russie et la Chine, les élites favorisent la mondialisation et une monnaie mondiale sous le contrôle du Fonds monétaire international. Poutine a ouvertement soutenu la domination par le FMI de la structure financière mondiale et la mise en œuvre des DTS comme un pont vers un système monétaire mondial. Les autorités chinoises ont fait la même chose et, depuis octobre, la Chine est un amplificateur majeur de liquidité pour les DTS. La banque des BRICS, qui était censée être un contrepoids au FMI et à la Banque mondiale, travaille effectivement en collusion avec le FMI et la Banque mondiale. L’idée derrière ? Il n’y a pas de paradigme Est contre Ouest, du moins pas au  niveau où les élites sont concernées.

Les Russes et les Chinois ne sont pas de notre côté. Ils ne sont même pas de leur côté. La seule opposition légitime aux globalistes reste sous la forme de mouvements de base avec très peu d’influence politique concrète. Quelque soit l’influence politique que nous pouvons gagner, elle tend à être rapidement cooptée par des mesures trompeuses et des faux leaders qui servent en fin de compte les élites. Même le Brexit et une présidence Trump ne sont pas une menace réelle, car ils sont des fonctions d’un système que les élites contrôlent dans l’absolu, et ils ne seraient jamais autorisés à gagner du terrain à moins que les élites n’aient besoin de boucs émissaires pour une crise économique plus grande.

Notre combat a été jusqu’ici de diffuser l’information et la lutte contre la propagande ; les batailles politiques ont été plutôt stériles. Donc, encore une fois, la guerre nucléaire ne sert guère les intérêts des élites dans ces conditions favorables.

La guerre nucléaire est également une très mauvaise façon de gérer les objectifs les plus sombres des globalistes. Leur désir de réduction importante de la population, par exemple, pourrait être atteint beaucoup plus efficacement grâce à l’effondrement économique et des famines de masse plutôt que par l’utilisation de missiles et de bombes. La nourriture est une meilleure arme que les atomes fissibles ne le seront jamais. Mais si le faux paradigme Est / Ouest ne prépare pas le terrain pour la guerre nucléaire, alors à quoi va-t-il servir ?
Comme je l’ai examiné dans le passé, la division entre l’Est et l’Ouest sert beaucoup mieux les élites dans leurs efforts pour lentement mais sûrement renverser le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale et le remplacer par le panier des DTS − la prochaine étape importante vers un seul système monétaire mondial et une seule autorité monétaire mondiale.

Soyons clairs, les globalistes ne sont pas pro-dollar ou pro-Amérique. Ils ne l’ont jamais été. En fait, la Réserve fédérale a détruit le pouvoir d’achat du dollar depuis la création de la banque centrale. Aussi en posant le dollar comme monnaie de réserve mondiale, la Fed a effectivement placé l’Amérique dans une position de faiblesse financière grave plutôt que de force. Notre dépendance à l’égard du statut de réserve mondiale du dollar pour maintenir notre niveau de vie est si complet que la perte de ce statut provoquerait de fait le crash de notre pays. Notre système ne peut pas fonctionner sans ce statut de réserve.

Je vais le décomposer encore plus loin ; par la mort du dollar, les élites ont non seulement mis en mouvement le chaos nécessaire pour justifier la centralisation totale et une alternative de monnaie mondiale, mais dans le processus, elles pourraient aussi supprimer la plus grande menace pour leur contrôle – ces millions de citoyens américains tenant toujours aux idéaux conservateurs de la souveraineté et de la liberté personnelle.
Le paradigme Est contre l’Ouest crée un parfait cas rationnel pour la fin du statut de réserve du dollar. Il suffit de regarder les tendances géopolitiques en mouvement.

L’Arabie saoudite, avec sa vaste influence sur de nombreux pays de l’OPEP s’éloigne des États-Unis et renforce ses liens avec la Russie et la Chine. L’éloignement des relations entre les États-Unis et les Saoudiens est même encouragé aux États-Unis à travers le projet de loi lié au 9/11 concernant l’Arabie saoudite. Cela va inévitablement conduire à la fin du statut du pétro-dollar et, par extension, aide à la fin de son statut de réserve mondiale.

La Turquie gravite maintenant vers la Russie et s’écarte de l’OTAN après le «coup d’État» très étrange et très probablement mis en scène qui a donné à Erdogan une occasion sans précédent pour mettre en place une dictature. Cette nouvelle relation peut même inclure le soutien militaire de la Russie.

Les banques centrales étrangères dans le monde entier, y compris celles de l’Arabie saoudite et de la Chine, sont actuellement en train de liquider leurs avoirs du Trésor américain à un rythme record. Le programme de «dé-dollarisation» est déjà bien avancé.

Les États-Unis dans leur ensemble ont également perdu beaucoup de bonne volonté parmi les peuples du monde (ou le peu de crédit qu’ils avaient encore) à la suite des révélations sur nous et nos alliés, qui avons largement provoqué l’effondrement de la Syrie et financé les groupes de militants qui composent le squelette d’ISIS. Notre implication continue comme agent déstabilisateur de la Syrie n’a aucun avantage pour les États-Unis, sauf celui de saper l’image de l’Amérique. Il ne nous donne pas une domination accrue sur le pétrole. Il ne nous donne pas un accroissement de la domination régionale. En fait, notre présence en Syrie ne cesse de nous nuire et de nous amener vers une proximité dangereuse face aux intérêts de l’Est.
Il y a des gens qui vont bénéficier de cette dynamique : les globalistes.

Les États-Unis sont dépeints comme le méchant maladroit de notre petite histoire, avide et aveuglé par des visions d’empire. L’Est est basé sur une vision plus rationnelle, comme un médiateur essayant de raisonner ces fous occidentaux. Pour les globalistes, la mort du dollar, qui est un projet en cours depuis des décennies, peut maintenant être achevée, et ils ne recevront aucun blâme. L’Histoire, si elle est écrite par quelqu’un d’autre que par les champions de la liberté, dira que ce sont des pays à l’Est, et non les banquiers centraux, qui ont détruit le statut de réserve du dollar, car il le fallait. L’Histoire dira qu’il n’a eu que ce qu’il méritait.
Dans la foulée, les élites espèrent venir à la rescousse quand l’instabilité économique mondiale éclatera avec l’échec du système dollar. Comme elles l’admettaient ouvertement dans The Economist en 1988, le dollar doit être remplacé par les droits de tirage spéciaux du FMI ; le nouvel ordre mondial a besoin d’une grande remise à zéro financière avant de pouvoir prendre racine. Mais c’est une méthodologie très différente de la guerre nucléaire généralisée.

Des questions se posent quant à l’élection de novembre et comment cela pourrait affecter les relations Est / Ouest. Je ne vois aucune indication que cela fasse une différence selon qui finit à la Maison Blanche, dans la mesure où le résultat économique est concerné. Comme je l’ai déjà dit, je crois que Trump est le candidat le plus probable. Les relations avec l’Est sont déjà engagées dans en déclin irréversible et contrôlé et même si Trump a de bonnes intentions, les globalistes vont tirer le tapis sous ses pieds sur le soutien financier aux marchés peu de temps après qu’il sera entré dans le Bureau ovale. Les nations orientales se préparent à une pause dollar pour des années. Elles travaillent en étroite collaboration avec le FMI. La présence de Trump va même accélérer la remise à zéro.

Je pense que les notions de guerre nucléaire et de conflagration Est / Ouest sont agitées pour de nombreuses raisons. Un dégoût extrême pour Barack Obama a conduit de nombreux partisans de la liberté à supposer que l’homme ne renoncera jamais à son siège au sommet du pouvoir. Ces personnes ne comprennent pas qu’Obama n’est rien de plus qu’une marionnette, un intermédiaire sans véritable influence. Les élites n’ont pas besoin de lui dans le bureau ovale pour poursuivre leur programme.

D’autres supposent que le simple fait d’une présidence Trump est si dangereuse pour les élites qu’elles préféreraient pousser le bouton nucléaire que de prendre ce risque. Je pense que c’est un peu naïf. Comme indiqué dans les précédents articles, les mouvements conservateurs gagnent le contrôle d’un navire déjà en train de couler. Ils sont déjà en place. Une victoire de Trump pourrait même aider les élites. Si l’économie et la monnaie américaine s’effondrent sous Trump, les mouvements conservateurs pourront en être blâmés. Si le système s’effondre sous Clinton, la cabale bancaire sera blâmée. Il me semble clair quelle est la meilleure option des élites.

Une guerre nucléaire est peut-être aussi inconsciemment attrayante pour certaines personnes. L’idée que l’ardoise pourrait être effacée, ne laissant que les gens préparés sortir de la fumée et des cendres pour reconstruire, pourrait à certains égards être considérée comme un résultat préférable. Comparez cela aux mouvements de la liberté supportant le blâme pour une calamité économique tout en luttant contre une machine globaliste envahissante. Devons-nous sacrifier pour des années, ou peut-être des décennies, la seule chance que nous avons, à force de volonté et d’ingéniosité, pour vaincre un empire bien organisé avec un réseau de surveillance de masse bien établi et des millions de citoyens dupés de son côté ?

Je suis réellement optimiste en ce qui concerne notre capacité à renverser le globalisme, mais je ne vois pas de moyen facile pour sortir de cette situation. Je trouve attristant que le combat à venir soit si effrayant pour les gens qu’ils préféreraient subir un cauchemar nucléaire sur le chemin. L’agonie lente de la décadence économique et une rébellion contre Big Brother peuvent être moins appétissantes, mais à mon avis, c’est inévitable.

Brandon Smith

Note du traducteur

Cet article est vraiment intéressant à plus d'un titre. J'avais déjà mis régulièrement en note que Brandon oubliait que le statut de réserve du dollar avait enrichi beaucoup d'Américains, avec tous les abus que cela a impliqué. Il est donc amusant de le voir paniquer pour les Américains sans prendre du recul sur la situation globale des peuples.

Il est même un poil complotiste voyant un monde qui évolue sur un mode tous contre nous. On peut le rassurer, ce n'est pas tous contre les citoyens américains, mais plutôt tous contre leurs élites... et les nôtres. C'est étonnant pour quelqu'un qui a fait preuve d'une vision parfois brillante de ne pas voir cette évidence : les États-Unis, enfin leurs élites, ne sont respectés que comme l'est le chef d'une mafia.

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