lundi 10 octobre 2016

L’étau se resserre rapidement sur l’économie mondiale

Article original de Brandon Smith, publié le 5 Octobre 2016 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Le monde de l’investissement a une durée d’attention si courte que c’en est embarrassant. Mais franchement, c’est une nécessité. Si les traders, les fonds spéculatifs et autres chevaux dans le carrousel pouvaient regarder au-delà d’une semaine en arrière sur l’activité des marchés ou lire des études de retour d’expériences sur l’histoire des marchés par rapport à aujourd’hui, ils ne seraient pas en mesure de conserver leur optimisme aveugle. C’est exactement ce qui leur est nécessaire pour continuer à fonctionner. S’ils devaient tous examiner la situation financière mondiale en toute honnêteté, l’ensemble de la façade s’effondrerait demain.

 

Aucune relance de la banque centrale ou intervention ne peut à elle seule entraîner les actions et les marchés obligataires; c’est la foi naïve et l’ignorance délibérée des acteurs moyens du marché qui le peut. Cependant, il y a un problème avec ce type de modèle économique. La réalité n’est jamais tenue en échec indéfiniment. Les vérités financières finissent toujours par être exposées, d’une façon ou d’une autre.

Comment peut-on savoir quand ce changement complet perçant les consciences se produira? Eh bien, il n’y a pas de science qui puisse nous aider. Bien que l’économie de base soit soumise aux forces de l’offre, de la demande et de la logique implacable des mathématiques, elle est également soumise à la psychologie humaine, ce qui est une tout autre affaire.

Dans le passé, j’ai exposé les similarités dans les réponses aux différentes crises économiques. Par exemple, la réponse des médias et la perception du public au début de la Grande Dépression était un exercice très malheureux de faux optimisme. La réponse juste avant le crash du crédit de 2008 par les médias et les masses était la même. Il est intéressant de noter en particulier que les médias traditionnels tendent à en faire plus autour de leurs certitudes sur la stabilité économique, au fur et à mesure que le système approche de l’effondrement. Autrement dit, plus nous approchons d’une calamité financière, plus violemment les médias traditionnels attaquent des gens qui suggèrent que le danger est à l’horizon.

Tout d’abord, jetez un œil aux tentatives suivantes par les médias pour embarrasser ou faire taire des analystes comme Peter Schiff juste avant le crash de 2007/2008 :



Maintenant, regardez cette tentative de CNBC d’attaquer Bill Fleckenstein pour avoir eu l’audace de remettre en question la validité des valeurs boursières actuelles et soulignant que la Réserve fédérale est en train de détruire l’économie plutôt que de la réparer:



Vous remarquez des similitudes frappantes entre la rhétorique dominante de 2006/2007 et celle d’aujourd’hui? Remarquez comme elle est émotionnellement agressive et presque désespérée pour maintenir la foi dans le marché, plutôt que de regarder la situation objectivement, alors que les fondamentaux commencent à submerger la complaisance des investisseurs.

Pour être honnête, même si les économistes traditionnels ont presque toujours tort, les analystes indépendants ne sont pas des prophètes. Nous ne pouvons généralement pas donner le moment exact des changements économiques que nous voyons venir. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de fournir une fenêtre générale durant laquelle les événements sont susceptibles d’avoir lieu. Les prédictions de Peter Schiff sur la façon dont la bulle immobilière et la crise du crédit se sont jouées étaient tout à fait correctes, même s’il s’était trompé d’environ six à huit mois sur son calendrier. Encore une fois, ce n’est pas une science exacte, et la psychologie humaine a la possibilité de compenser les fondamentaux du marché pendant des mois.

Le «catalyseur» supposé pour le krach de 2008 est principalement attribuable à la chute de Lehman Brothers. Je recommande fortement l’un des économistes «optimistes», faisant valoir aujourd’hui que les banques centrales ont l’intention de prolonger indéfiniment la montée des actions, puis d’examiner leurs déclarations faites dans les médias à propos de Lehman, alors que l’on entendait déjà les craquement avant-coureurs de la chute de Lehman Brother. Puis repensez sérieusement à certaines des déclarations récentes et des tactiques utilisées par la Deutsche Bank en Allemagne.

Plus précisément, notez que Lehman a utilisé sa comptabilité et des astuces sur les produits dérivés en faisant circuler des fonds par le biais de différents comptes, afin de rendre l’entreprise apparemment solvable. Enfin, jetez un œil aux révélations qui sortent des endroits comme l’Italie, comme quoi la Deutsche Bank a utilisé le même modèle de faux comptes et de manipulations de marché, encore une fois, avec des dérivés comme outil principal de la fraude.

Notez également les mêmes négations pures et simples de tous les éléments de preuve pertinents, selon lesquels la Deutsche Bank pourrait souffrir d’un déficit de capital, alors que le directeur John Cryan blâme les «spéculateurs» pour les pertes de la compagnie. Dick Fuld de Lehman et Jimmy Cain de Bear Stearns ont aussi blâmé les «spéculateurs», «les rumeurs et les conspirations» pour la chute de leurs entreprises, au cours de la débâcle des dérivés il y a huit ans. Il semblerait que si l’histoire ne rime pas, elle se répète parfois exactement.

Voici un tableau plutôt révélateur des gens de Zero Hedge, comparant l’effondrement des actions de Lehman Brothers et la baisse constante de la valeur de la Deutsche Bank. Vérifiez par vous même :

Financial graph

Pour être clair, Lehman n’était pas un catalyseur. Elle était seulement un test décisif pour un système totalement dépourvu de valeur tangible et croulant sous des dettes toxiques. Lehman était une partie d’un problème beaucoup plus vaste. Elle n’était pas la cause du problème. La même chose est vraie pour la Deutsche Bank.

La panique croissante autour de la deuxième plus grande institution financière d’Allemagne, Commerzbank, alors qu’elle s’apprête à licencier près de 10 000 employés et à suspendre ses dividendes par action est un autre indicateur de crise, en plus de celui de la Deutsche Bank. Les problèmes de solvabilité sont évidents dans les grandes banques italiennes, comme Monte dei Paschi et ils sont encore un autre élément explosif.

Gardez à l’esprit qu’alors que ces édifices commencent à se désagréger, l’Europe entrera dans un état d’urgence financier, mais les grands médias et de nombreux gouvernements continueront à blâmer les spéculateurs. Ils pourront également prétendre que toute la catastrophe a été mise en mouvement par le biais d’un «effet domino»; le premier domino étant probablement la Deutsche Bank. Ce sera un mensonge. Il n’y a pas de ligne de dominos. Une banque ne va pas faire tomber les autres banques – oui, il y a une terrible interdépendance, mais la vraie question est que toutes ces banques sont en mauvaise posture, en raison de leurs propres comportements cancéreux. Le système qu’elles ont construit est un modèle corrompu et insoutenable, et je maintiens que c’est un problème de conception.

Les financiers internationaux ne veulent pas que le grand public se mette à regarder la validité du système. Ils veulent que le public ne voie ces événements d’effondrement que comme un cas simpliste de cause à effet.
Si le public devait comprendre que le modèle bancaire mondial est destructeur (pour le public, et non pas pour les élites), alors il pourrait exiger l’effacement total du modèle et de ses institutions. Les élites n’en veulent pas. Ce qu’elles veulent, c’est être libres pour conjurer crise après crise après crise; avoir la possibilité de ne laisser ce système s’effondrer, que pour le remplacer par quelque chose d’identique dans sa nature, mais encore plus oppressant dans sa fonction. Ils veulent créer le chaos aujourd’hui, afin d’acheter une plus grande centralisation à l’avenir en s’appuyant sur les peurs des masses.

Je continue à maintenir comme je l’ai toujours fait, que les banques centrales du monde entier changent de stratégies et feront très peu, pour intervenir à partir de maintenant pour soutenir les groupes bancaires insolvables ou les marchés d’actions. Il est très peu probable que l’Allemagne ou la Banque centrale européenne, par exemple, se mettent à infuser la Deutsche Bank avec du capital (au moins, pas jusqu’à ce que le dommage soit irréversible). Il est également peu probable que la banque centrale bougera pour stimuler ouvertement les marchés, jusqu’à ce qu’un accident sur le marché des actions soit en cours. En fait, certaines banques centrales, y compris la Réserve fédérale, pourraient même agir pour accélérer un crash boursier – attendez vous que cela se produise si Donald Trump atteint la Maison Blanche.

Tout cela c’est déjà produit auparavant. C’est arrivé en 2008, lorsque la Réserve fédérale a reculé et a permis à Lehman Brothers de faire faillite. Cela se produira probablement à nouveau, lorsque le gouvernement allemand et la BCE refuseront de soutenir Deutsche Bank. L’étau se resserre sur l’économie mondiale et, encore une fois, les médias traditionnels sont trop partiaux ou trop stupides pour le voir. Ils accusent les médias alternatifs de crier au «catastrophisme», et peut-être que notre calendrier sera décalé. Mais le timing exact ne sera pas vraiment la question, une fois que le château de cartes commencera à tomber. Si nous nous en tenons à nos positions et refusons de nous laisser intimider par la rhétorique, le temps viendra où les gens se souviendront seulement que nous avions raison, pour une grande part, et que les médias traditionnels étaient incompétents ou malhonnêtes.

En attendant, nous avons tout un essaim d’autres événements déclencheurs en vue avant la fin de l’année. Je l’avais prédit dans mon article Le monde s’enlaidit alors que 2016 se termine. Le projet de loi Arabie saoudite – 9/11 pourrait se voir opposer un veto par Obama, mais ce veto serait renversé par le Sénat. Cela a maintenant eu lieu, ce qui signifie des tensions accrues entre les Saoudiens et les USA, conduisant à la disparition éventuelle du statut de pétro-monnaie du dollar. Regardez le prochain référendum constitutionnel italien, qui pourrait ouvrir la voie à des mouvements conservateurs pour lancer une version italienne du Brexit. Gardez également un œil sur la Syrie, alors que le conflit diplomatique éclate encore une fois entre les États-Unis et la Russie (qui ne l’a pas vu venir ?). Et, bien sûr, l’élection présidentielle américaine, qui semble être l’événement politique culminant générant le plus de divisions en Amérique depuis des décennies.

Ignorez le positivisme délirant des médias traditionnels et une grande partie de la communauté des traders. Leurs fantasmes poussent seulement la situation plus près d’une crise cardiaque des marchés. Et rappelez-vous, l’effondrement économique est un processus, pas une affaire du jour au lendemain. La progression du déclin global devrait être évidente, pour toute personne y accordant un peu d’attention depuis 2008. La seule question est :  quand est-ce que le citoyen moyen va en prendre conscience? Mon sentiment, d’après les tendances actuelles, est que c’est pour très bientôt.

Brandon Smith

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