vendredi 24 novembre 2017

Maladroitement, l’Allemagne admet soutenir un changement de régime en Pologne

Article original de Andrew Korybko , publié le 11 novembre 2017 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

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Une prise de bec diplomatique a enflé entre Berlin et Varsovie après que le ministre allemand de la Défense a déclaré que son pays devait soutenir la “résistance démocratique de la jeune génération” en Pologne.

Cette remarque scandaleuse du plus haut responsable militaire allemand a immédiatement suscité une réprimande ferme de la part du gouvernement polonais, qui a interprété à juste titre sa déclaration comme une menace implicite pour aider les révolutionnaires de couleur liés à Soros dans leur quête d’un changement de régime dans ce pays d’Europe centrale.



Pour résumer, le parti conservateur Droit & Justice s’efforce de débarrasser la bureaucratie permanente de la Pologne, autrement dit son “État profond” des restes de ses prédécesseurs libéraux de la Plateforme civique, qu’ils avaient entassés à la va-vite dans les instances dirigeantes, dans une dernière tentative pour faire dérailler le programme législatif de leurs adversaires dans la perspective des prochaines élections. C’est très similaire à ce que les Démocrates font contre Trump, mais c’est justement pour cela que le PiS, qui est l’abréviation polonaise du parti Droit & Justice, est très populaire. Il a obtenu relativement plus de succès que son homologue chez son allié américain. Cela a justifié, en réponse, une augmentation proportionnelle du soutien étranger au mouvement de révolution colorée.

L’Allemagne déteste le PiS parce que l’idéologie « euro-réaliste » du leader du parti, Jaroslaw Kaczynski, contraste totalement avec le « libéralisme européen » de Merkel, de la crise des migrants à la future organisation de l’UE. Le PiS est même poursuivi par Bruxelles pour son refus d’accepter la délocalisation forcée d’un seul migrant musulman, et son ambitieuse Three Seas Initiative qui vise à consolider un nouveau bloc de pouvoir en Europe centrale et orientale afin de s’opposer aux initiatives de centralisation de l’après-Brexit dans l’UE, en faveur d’une approche plus neutre et réformée respectant la souveraineté nationale des membres du bloc. On soupçonne depuis longtemps Berlin de soutenir le mouvement antigouvernemental en Pologne, et les médias du pays en parlent depuis près de deux ans déjà, mais la déclaration désobligeante du ministre allemand de la Défense à la télévision semble confirmer clairement que c’est effectivement le cas.

Cette joute diplomatique va probablement bientôt disparaître, mais les dommages qu’elle a causés aux relations bilatérales ne disparaîtront probablement pas tant que le PiS continuera à gouverner la Pologne, ce qui pourrait être le cas dans un avenir prévisible vu comment il a obtenu en 2015 la plus grand victoire électorale de l’ère post-communiste. Varsovie est plus motivée que jamais pour continuer à renforcer ses relations avec ses partenaires des “Trois Mers”, en particulier la Hongrie, mais peut-être même l’Autriche sous la direction de Sebastian Kurz. En outre, le PiS a vu son analyse validée aux yeux du peuple polonais pour avoir apparemment toujours eu raison sur l’ingérence allemande dans les affaires politiques intérieures de son pays. Cela va permettre à ses partisans de s’enhardir et pourrait même convaincre certains de ses détracteurs les moins radicaux de reconsidérer leur position.

Cet épisode controversé est également très curieux car il est arrivé juste au moment ou la Pologne mettait fin à sa ligne de crédit flexible avec le FMI. Reuters a lancé une attaque dans les médias contre le pays en suggérant de manière provocante que le boom de l’emploi en Pologne alimentait l’inflation, ce qui est une menace voilée du ministre de la Défense, calibrée comme un “coup de sifflet”, pour coïncider avec une nouvelle offensive de changement de régime asymétrique contre Varsovie.

Andrew Korybko

Note du raducteur

La dernière phrase peut probablement être développée comme une menace pour délocaliser les usines allemandes actuellement en Pologne vers d'autres pays plus souples. Mais la Pologne étant l'allié le plus russophobe des USA au sein de l'OTAN, pas touche Frau Merkel.

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